Depuis son rachat, pas un jour ou presque ne passe sans que le réseau social à l'oiseau bleu ne fasse parler de lui... et surtout d'Elon Musk, son nouveau propriétaire.En France, la plateforme compte environ 12 millions de comptes actifs. C'est trois fois moins que Facebook, et ils sont deux fois plus nombreux sur Instagram.Comment expliquer que Twitter ait pourtant aiguisé les convoitises de l'homme le plus riche du monde?
Petit mais costaud l'oiseau bleu. Lancé en 2006 par l'Américain Jack Dorsey, le réseau social Twitter a révolutionné la manière de s'informer et de communiquer. Aujourd'hui, la plateforme compte plus de 238 millions d'usagers quotidiens actifs et plus de 500 millions de messages y sont échangés chaque jour.
En dépit de son succès planétaire, Twitter attire un public bien plus restreint que bon nombre de ses concurrents, se hissant seulement la 15e place des réseaux sociaux les plus populaires dans le monde. Plutôt étonnant quand on sait l'influence de la plateforme dans la sphère politico-médiatique.
Pour en savoir plus, TF1info a contacté Fabrice Ebelpoin, enseignant à Science Po et spécialiste des médiaux sociaux.
TF1info : En comparaison à d’autres plateformes, l’audience sur Twitter est assez limitée. Pour quelle raison ?
Fabrice Ebelpoin : L’audience de Twitter représente 1/10e de celle de Facebook. C’est un petit réseau mais il est extrêmement qualitatif, c'est ce qui fait sa singularité par rapport à ses rivaux. On y trouve toutes les personnalités politiques de la planète, les députés de l’Assemblée nationale, mais aussi les journalistes, ce qui n’est le cas sur aucune autre plateforme. Twitter est le réseau social le plus complexe qui soit. L’interface peut donner l’impression que c’est simple à utiliser alors que c’est tout le contraire. Ne serait-ce que choisir les bonnes personnes à suivre pour constituer son flux d’informations, définir l’usage qu’on souhaite en avoir, pour s’informer ou simplement se divertir. Cela prend du temps, et c’est assez chronophage.
C’est un outil destiné à une élite, mais au sens large
Fabrice Ebelpoin, enseignant à Science Po
La plupart des gens l’utilisent mal et ont un sentiment de frustration qui les conduit à quitter la plateforme. C’est un outil destiné à une élite, mais au sens large, car on y trouve aussi bien des influenceurs, des animaux télés, des footballeurs, des dirigeants d’entreprises, des scientifiques, des journalistes ou encore des militants.
Twitter n’est-il pas davantage un outil de communication qu’un réseau social ?
Fabrice Ebelpoin : C’est un des deux à la fois, en effet. Au fil du temps, c’est devenu un canal de communication privilégié pour beaucoup d’institutions, de politiques, de militants ou d’entreprises. Même au niveau diplomatique, comme on l'a vu dernièrement notamment avec l'invasion russe en Ukraine. Si l'on prend l'exemple des politiques, certains députés français l'utilisent comme vitrine pour afficher leurs bilans alors que d'autres l'utilisent pour interagir avec leurs électeurs, aussi bien à l’échelle nationale que locale. C'est aussi, encore, un lieu débat. La plateforme conserve, malgré tout, la dimension sociale de ses débuts, même cet aspect est moins visible.
Régulièrement, des polémiques nées sur la plateforme dépassent le cadre du réseau social. Twitter offre une caisse de résonance sans pareil au point d'influencer l'actualité...
Certaines personnalités politiques, à l'instar de Sandrine Rousseau, ont bien saisi le fonctionnement de Twitter et notamment la technique du "trolling" (troller, c’est agir ou tenir des propos dans le seul but de provoquer les autres, ndlr). Elle peut faire l’actualité pendant une semaine simplement avec un tweet, comme avec le barbecue comme symbole de virilité. À partir de là, elle rebondit sur son buzz pour imposer ses thématiques dans les médias traditionnels. Twitter a une réelle influence sur le traitement de l'actualité et pour une raison simple, tous les journalistes ou presque y sont. Pour eux, c’est devenu aujourd'hui un outil de veille et même une source d'information à part entière.
Le pouvoir d'influence de Twitter représenterait un danger pour la démocratie, selon certains observateurs. De l'autre côté de l'Atlantique, la plateforme est même accusée d'avoir influencé la dernière élection présidentielle. Faut-il s'en inquiéter ?
Twitter a une énorme influence sur la vie démocratique. Depuis 2013, le réseau social a interféré dans plus d’une centaine élections à travers le monde, notamment en Afrique. Lors de la présidentielle américaine, Twitter a volontairement censuré de manière arbitraire une information sur le train de vie pour le moins débridé du fils de l'actuel président Joe Biden, alors qu’elle aurait pu potentiellement faire basculer les résultats de l’élection. Si l'information avait été diffusée, rien ne dit que Donald Trump aurait été élu pour autant. Mais cela explique pourquoi aujourd'hui la gauche américaine redoute qu’Elon Musk fasse exactement la même chose mais pour le camp d’en face. Personnellement, je ne pense qu’il le fera. Il a pris des engagements, notamment auprès du commissaire européen Thierry Breton, pour que le fonctionnement de Twitter soit strictement conforme aux lois de chaque pays. Elon Musk a annoncé que la version Premium de Twitter ne sortirait pas en Europe avant quelques semaines justement pour cette raison.
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