Uber veut utiliser l'intelligence artificielle pour détecter les clients trop éméchés

Publié le 12 juin 2018 à 12h51
Uber veut utiliser l'intelligence artificielle pour détecter les clients trop éméchés

INNOVATION - L'entreprise californienne veut utiliser l’intelligence artificielle pour éviter aux chauffeurs et aux clients de partager des courses avec des passagers trop saouls.

L’une des plus grandes craintes pour un chauffeur Uber, c’est de voir un client éméché vomir dans sa voiture. Une mésaventure qui implique un nettoyage en profondeur, du temps perdu, et donc un manque à gagner. De même, quiconque a déjà partagé un Uber avec un passager totalement ivre sait combien cela peut constituer une expérience particulièrement pénible. L’entreprise de voitures avec chauffeur a déposé jeudi 7 juin un brevet pour remédier à ce problème, en utilisant l’intelligence artificielle pour détecter si un utilisateur est trop saoul. 

Ledit document, repéré par la chaîne américaine CNN, décrit un système capable d’analyser, en amont, le comportement d’un client via son téléphone, en s'appuyant sur sa localisation (devant un bar connu pour ses soirées arrosées, par exemple), la vitesse à laquelle il se déplace d’un point A à un point B, ou bien encore la précision et la vitesse à laquelle il pianote sur le clavier virtuel de son téléphone. En comparant son usage habituel avec ces indicateurs, un algorithme pourra évaluer l'état d'ébriété du passager, avant qu’il ne s’installe bien confortablement à l’arrière de la berline.

Une notification sera envoyée au chauffeur

Plus concrètement :  une notification sera envoyée aux chauffeurs disponibles pour leur indiquer "l'état" du passager. Si l'un d'eux accepte la course, il lui sera notifié de récupérer le passager à l'endroit indiqué, mais avec un temps plus long pour lui laisser prendre un peu l’air jusqu’à l’arrivée de la voiture, histoire qu'il puisse désaouler avant de monter. Dans le cas où le client serait trop éméché, seuls des chauffeurs ayant reçu une formation spéciale seront mis en relation.

Cette technologie soulève néanmoins plusieurs problèmes. D'une part, si un utilisateur en état d'ébriété se voit refuser une course, il sera tenté d'utiliser un autre moyen de transport (voiture, vélo ou scooter) et pourrait mettre sa vie ou celle des autres en danger. Au final, les chauffeurs Uber pourraient totalement délaisser les personnes ivres. Or, comme l'avaient démontré  dans une étude des chercheurs de l'université de Temple, à Philadelphie (Etats-Unis), le nombre d’accidents mortels causés par la conduite en état d’ébriété diminue dès lors que l'entreprise californienne s'implante dans une ville.  

103 chauffeurs Uber accusés de viol ou d'agression sexuelle depuis 2014

Autre problème, lui aussi de taille : des chauffeurs malintentionnés pourraient détourner cette fonction pour repérer des proies. D'après une enquête menée par CNN, en avril dernier, depuis 2014, au moins 103 chauffeurs ont été accusés d'avoir violé ou sexuellement agressé leurs passagers. Selon leurs informations, au moins 31 conducteurs ont été condamnés pour des crimes allant de l'attouchement forcé au viol. La plupart des victimes avaient bu, certaines étaient en état d'ivresse avancé. Il apparaît donc que les conducteurs ont profité de la faiblesse momentanée de ces personnes. 


Matthieu DELACHARLERY

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