Bientôt un connecteur unique pour nos smartphones, tablettes et ordinateurs ? L'UE l'exige à tous les constructeurs

par Cédric INGRAND
Publié le 17 janvier 2020 à 9h00
Un smartphone Samsung et son connecteur USB Type C
Un smartphone Samsung et son connecteur USB Type C - Source : Samsung

UN POUR TOUS - Devant la montagne de déchets électroniques que représentent câbles et chargeurs, Bruxelles revient à la charge pour contraindre les marques à s'accorder sur une norme commune. Sur le papier, tout le monde est partant. Sauf Apple, pour l'instant.

Le constat est là : chaque année, nous jetons 53.000 tonnes de câbles et chargeurs divers, ceux de nos smartphones, tablettes et ordinateurs. Des accessoires dont la durée de vie serait souvent identique à celle de l'appareil qu'ils accompagnent. Pour réduire ce gâchis, l'une des solutions serait de ne plus avoir à livrer un nouveau chargeur avec chaque nouvel appareil. Et donc d'encourager la réutilisation des câbles et chargeurs d'une machine à la suivante.

C'est là le cheval de bataille du Parlement européen et de la Commission. Ils veulent aujourd'hui forcer les constructeurs à s'accorder sur une norme commune. L'initiative  a en fait débuté il y a une dizaine d'années, avec des bonheurs divers. Mais elle arrive au moment où l'industrie toute entière ou presque s'est accordée autour d'un standard de fait : l'USB-C.

L'USB Type C, un connecteur pour les unir tous

Sans même un coup de pouce du législateur, l'USB -C est paré d'atouts, tant par son design que par ses capacités techniques. D'abord, il fonctionne dans les deux sens, sert tant à la recharge qu'au transfert de données, qu'il peut d'ailleurs assurer à très haut débit. Surtout, c'est déjà le connecteur unique : s'il a été conçu pour assurer les fonctions d'une prise -l'USB-, il peut aussi devenir le connecteur d'un écran externe ou recharger des appareils bien plus gourmands que nos smartphones, les ordinateurs portables par exemple. De quoi expliquer qu'on le trouve aujourd'hui partout ou presque, des smartphones de haute et moyenne gamme aux PC portables de toutes marques. 

Pour ceux dont tous les appareils sont déjà passés à l'USB-C, les bénéfices sont immédiats : plus besoin de transporter autant de câbles et de chargeurs que d'appareils. Le chargeur de la Nintendo Switch peut ainsi servir à recharger votre ordinateur, celui de l'iPad Pro à charger un smartphone Huawei ou Samsung. Bref, quand tous s'accordent sur un standard commun, c'est la fin de l'angoisse de la recharge. Dans cet œcuménisme bienvenu, une voix discordante quand même : celle d'Apple. Dans ses déclarations à Bruxelles, l'entreprise à la pomme explique qu'avec l'arrivée du connecteur Lightning, la technologie maison qui équipe tous les iPhone depuis l'iPhone 5 en 2012, elle a créé un écosystème d'accessoires et d'objets connectés à qui elle ne peut pas tourner le dos si vite.

Un frein à l'innovation ?

Selon Apple, passer à la suite sous la contrainte serait même un gâchis écologique, condamnant à l'obsolescence tous les appareils à connecteurs Lightning. Surtout, en passer par la loi pour s'accorder sur une norme commune serait pour la firme de Tim Cook "un frein à l'innovation." De fait, si un règlement contraignant devait naître, il faudrait s'accorder sur les modalités d'évolution de la norme. Or il est difficile d'imaginer forcer tous les constructeurs à passer comme un seul homme au successeur de l'USB-C, quand il arrivera un jour. Pourtant, l'USB-C est tout sauf une nouveauté pour Apple. C'est le connecteur unique du Macbook sorti en 2015 et de tous les Macbook Pro depuis. C'est aussi celui qui a remplacé Lightning sur les iPad Pro. 

Vers un chargeur universel ? Source : Sujet JT LCI

Avec ses derniers iPhone 11 Pro, Apple dit avoir fait la moitié du chemin, en livrant avec son smartphone un câble Lightning d'un côté et un USB-C de l'autre, à connecter à un chargeur USB-C. Un début d'intégration sous l'ombrelle du connecteur unique, qui pourrait aller plus loin, si par bonheur le constructeur profitait de l'iPhone 12 ou 13 pour sauter le pas, en rythme avec l'arrivée d'un règlement européen qui, quoiqu'il arrive, ne devrait pas se matérialiser avant 2021.


Cédric INGRAND

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