Face au dérèglement climatique, quelles plantes résisteront dans 50 ou 100 ans ?La réponse est fournie par un laboratoire à Montpellier.Plus de 60.000 échantillons de graines y sont conservés dans la plus grande chambre froide d'Europe.
C'est un lieu ultra sécurisé. Impossible de rentrer sans y avoir été invité. Derrière les murs de béton, sur les hauteurs de Montpellier, se cache l'un des centres de recherche les plus en pointe au service de l'agriculture. À l'intérieur, comme le montre les images du reportage de TF1 en tête de cet article, une chambre froide vertigineuse de 9 mètres de haut sur 15 mètres de large, entièrement automatisée grâce à un robot, identique à ceux des entrepôts logistiques les plus modernes.
Sur les 1500 tiroirs, pas de colis, mais des graines : 60.000 échantillons de semence en provenance du monde entier, parmi lesquelles du blé, de l'orge, du maïs ou du sorgho, conservés à une température de 4 °C et rangés par variété. Il en existe par exemple 9.000 différentes rien que pour le riz. "Ça, c'est du sorgho, montre Paule Teres, chercheuse dans les ressources biologiques. On est quelque part une espèce de grenier. On a des variétés qu'on a acquises il y a très longtemps. Et le fait d'en avoir autant, quelque part, on pourrait faire pousser du maïs aux quatre coins de la planète, ou du riz ou du sorgho", poursuit-elle.
Dans les étages, les prélèvements sont pesés et mesurés, leur qualité nutritionnelle répertoriée, car en cas de maladie ou si une plante est menacée de disparition, le centre doit pouvoir fournir en graines les chercheurs du monde entier. Pour protéger ou relancer des espèces, il a même la capacité d'en créer de nouvelles plus résistantes aux aléas climatiques, comme le gel ou la haute température auxquelles les agriculteurs sont de plus en plus confrontés. "Le grand défi aujourd'hui, c'est cette très forte variabilité du climat et par des mélanges de différentes plantes avec différentes sensibilités, on arrive à avoir un rendement qui se maintient", explique Yves Vigouroux, l'un des directeurs de la grainothèque.
Un tiers des espèces végétales menacé d'extinction
Comment s'adapter au réchauffement climatique ? Quelle variété choisir demain ? Et pour quelle région du monde ? La force de cette grande banque de graines, c'est l'expérimentation. Sous une serre, par exemple, on teste le comportement d'un échantillon de riz confronté au climat attendu d'ici 2100 en milieu tropical. Température à 25 °C, humidité à 65% et surtout émission de CO2 à 800 ppm soit un niveau deux fois supérieur à celui mesuré en ce moment dans l'atmosphère. "On peut regarder l'épaisseur de la feuille, on peut mesurer la longueur de la feuille. On a vu que plus il assimile de carbone, mieux c'est", affirme Sandrine Roque, directrice, elle aussi, de la grainothèque.
Si certaines plantes comme celle-ci pourront être cultivées facilement dans des milieux pollués, d'autres n'y résisteront pas. "On sait que le mix alimentaire va évoluer. C'est évident puisque toutes les plantes ne seront pas adaptées aux environnements dans lesquels elles poussent actuellement. Et nous, on travaille vraiment à anticiper ces adaptations", explique Claire Billot, directrice de la grainothèque. L'objectif est d'offrir le plus grand nombre de variétés cultivables possible aux futurs agriculteurs. Dans les prochaines décennies, un tiers des espèces végétales est menacé d'extinction.
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