Salon de l'innovation de Tokyo : analyser le sang sans piqûre ? Ce capteur va peut-être changer la vie des diabétiques

Cédric Ingrand, envoyé spécial à Tokyo (Japon)
Publié le 17 octobre 2019 à 9h00, mis à jour le 17 octobre 2019 à 11h08

Source : Sujet TF1 Info

CEATEC 2019 - Dans les allées du salon des nouvelles technologies à Tokyo, une société japonaise présente un petit capteur connecté capable d'analyser la glycémie des patients diabétiques, sans même besoin d'une goutte de sang. Le tout avec une technologie à bas prix, héritée du smartphone. Nous avons pu en avoir un aperçu.

Caché dans un recoin du stand Kyocera, on l'aurait presque raté, ce petit boîtier de plastique qui occupe deux mètres à peine d'espace de démonstration. Pourtant, si ce qu'en disent ses inventeurs se vérifie, c'est une petite révolution dans la vie des plus de 500 millions de diabétiques dans le monde qui se dessiner ici, au salon Ceatec de l'innovation, à Tokyo.

Quel que soit le type de diabète dont ils sont frappés, tous ceux qui en sont atteints (ils sont 3,3 millions en France, selon les chiffres de 2016) le savent : la maladie se surveille de très près, et au long cours. Au quotidien, cela implique d'effectuer autant de tests de glycémie que de repas afin de mieux doser ses apports d'insuline. Des tests pour connaître le taux de sucre dans le sang, une petite piqûre sur le bout du doigt pour faire sortir une goutte de sang à analyser sur un lecteur portable.

La glycémie décodée par un capteur de smartphone

Des composants qui font l'interface entre la biologie humaine et la machine, ce n'est pas nouveau. Les bio-capteurs, qui savent analyser des matières organiques, sont ainsi déjà utilisés pour des analyses sanguines ou pour détecter des virus. Kyocera a donc exploré une toute autre voie. Ici, le capteur est gyroscopique, du même type que celui imbriqué dans votre smartphone pour détecter vos mouvements ou dans votre montre connectée pour suivre vos activités physiques. Un capteur si sensible que Kyocera s'en sert pour prendre votre pouls, en appuyant l'appareil sur votre poignet. 

Mais comment passe-t-on du pouls à la glycémie ? Comme l'explique à LCI Hiromi Ajima, porte-parole de la recherche chez Kyocera, "nous mesurons en fait ce que l'on appelle la vitesse d'onde de pouls. Nous avons observé qu'elle avait un lien avec la glycémie. Après un repas, votre taux de sucre dans le sang augmente. Mais la vitesse d'onde de votre pouls change aussi. Nos chercheurs ont travaillé à partir de ce lien". En alimentant  un moteur d'intelligence artificielle de milliers de mesures, ils ont  bâti un algorithme qui permet, en tenant compte de plusieurs paramètres, de déduire précisément la glycémie à partir de l'évolution de la vitesse d'onde de pouls. 

Un calcul qui s'effectue en quelques secondes une fois le capteur posé sur l'intérieur du poignet. Connecté en bluetooth à votre smartphone, il alimente une application. Celle-ci affichera des résultats lisibles même pour un patient béotien. Sous le résultat, un petit lapin vous dira d'un coup d'oeil si tout va bien, ou si, au contraire, vos résultats le contrarient et mériteraient un avis médical.

Un capteur à moins d'un euro ?

Chez Kyocera, on explique être en train d'affiner le modèle mathématique. "Nous voulons atteindre la fiabilité exigée pour un appareil médical", détaille Hiroji Ajima, "mais aussi nous assurer que nous pourrons rendre le produit très abordable." De ce côté-là, la médecine aura largement bénéficié des avancées du monde du smartphone. Au coeur de l'appareil -qui n'a semble-t-il pas encore de nom-, le capteur gyroscopique coûte probablement moins d'un euro à son fabricant. La sortie est promise pour l'année prochaine au Japon, avant de s'attaquer au reste du monde. Pour ce faire, il faudra faire valider le procédé par les différentes autorités de santé. On ne vend pas en effet un appareil médical comme un smartphone -et c'est probablement très bien comme ça. 

Après le diabète, Kyocera voudrait s'attaquer à d'autres maladies, d'autres choses que son système pourrait détecter dans le sang, sans jamais en voir une goutte. Prochain chapitre : le cholestérol, un autre souci qu'il vaut mieux surveiller. Mais sans piqûre, promis.


Cédric Ingrand, envoyé spécial à Tokyo (Japon)

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