ASSISTANCE HUMAINE - Le système RECAPTCHA, qui vous demande de reconnaître des mots ou des images pour prouver que vous n'êtes pas un robot, sert aussi à enrichir la reconnaissance d'images des algorithmes que Google embarque dans ses voitures autonomes. Explications.
Différencier un internaute d'un robot, l'enjeu est réel pour nombre de sites afin d'éviter le spam, les faux comptes et sécuriser les comptes de leurs véritables utilisateurs. Et ça tombe bien, il y a une app pour ça, Captcha, développée à l'origine par des chercheurs de l'université Carnegie-Mellon, aux Etats-Unis, et rachetée par Google en 2009.
Mais si le système intéressait le géant, ce n'était pas juste pour son côté sécuritaire. Lancé à l'époque dans la numérisation massive de livres pour son service Google Books, la firme de Moutain View voulait utiliser comme matériau des mots que ses algorithmes avaient du mal à reconnaître pour ajouter une validation humaine à son logiciel. Le principe était simple : pour prouver que vous étiez bien un internaute en chair et en os, il fallait déchiffrer deux mots, l'un connu du système, et pas l'autre. Le premier mot validait que vous n'étiez pas un robot, l'autre était celui sur lequel Google avait besoin d'un coup de pouce humain.
"Je ne suis pas un robot"
Ce fonctionnement là n'aura qu'un temps. Tout d'abord parce que Google a affiné ses algorithmes de reconnaissance de caractères, assez pour avoir moins besoin d'une aide humaine. Ensuite, et surtout, parce que les pirates, eux aussi, avaient réussi à améliorer leurs logiciels, pour que leurs robots arrivent à passer le test qui devait leur barrer la route.
Depuis 2012, Google a mis ReCaptcha au service de son intelligence artificielle, une amélioration qui passe par le machine learning, c'est à dire par la capacité de la machine d'affiner d'elle-même ses algorithmes de reconnaissance, en les confrontant à des millions d'images. C'est ainsi que Google s'est mis à vous faire cliquer sur des clichés d'objets, d'animaux, de plaques de rue, de véhicules, des images tirées de Google Streetview. A l'arrivée, quelques milliards de clichés à décortiquer, avec un but précis en tête.
Certes, le système ReCaptcha a évolué, se contentant désormais, dans l'essentiel des cas, de vous faire cocher une case "Je ne suis pas un robot" pour prouver votre humanité. Un algorithme secret analyse votre comportement, le temps de réponse, le chemin pris par la souris, pour savoir s'il a une machine face à lui. C'est intrigant, mais ce qui nous intéresse l'est tout autant. En cas de doute, vous serez mis face à une série d'images, ou à une image séparée en une grille de cases à cliquer.
Des images qui signent la nouvelle mission de ReCaptcha : donner à Google un avantage face à Uber, Tesla et l'ensemble de l'industrie automobile, tous à la poursuite du "next big thing", la conduite autonome. Ou comment inculquer à la machine les compétences, les réflexes et la jugeote d'un conducteur humain. Premier enjeu : comprendre instinctivement son environnement, la route, les autres véhicules, les obstacles, la signalisation. De quoi expliquer que tous ces clichés à cliquer proviennent des caméras des voitures de WayMo, la filiale d'Alphabet, maison-mère de Google, qui se concentre sur la voiture autonome.
C'est un peu fou, mais la prochaine fois que vous devrez vous authentifier sur un site en trouvant les feux tricolores ou les panneaux indicateurs dans une photo, vous prêterez votre concours, un clic à la fois, à l'arrivée d'une intelligence artificielle au volant, et à l'amélioration de la sécurité d'une future voiture, que vous ne conduirez plus.
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