C'EST POUR DEMAIN - De plus en plus convaincants, les deepfakes, ces vidéos trompeuses, pourraient déferler en 2020, portées par des technologies qui accélèrent, et un agenda politique chargé. Surtout, les créer pourrait devenir un jeu d'enfant.
À Davos, la démonstration a fait mouche. Au Forum économique mondial, qui se tenait cette semaine, Hao Li, un chercheur chinois, tenait un stand où quiconque pouvait s'essayer à l'exercice. Des deepfakes produits en direct, par un ordinateur de la puissance d'une machine de jeu. La machine reconnaît le visage et ses mouvements, et peut y plaquer l'identité de son choix, ici Leonardo Di Caprio ou Lionel Messi, entre autres.
Instantanément, vous devenez celui qui pourrait bien être la victime de votre vraie-fausse vidéo. Un danger qui ne concernerait pas que les célébrités : dans un projet de recherche récent, un chercheur montrait comment il pouvait recréer un visage, mobile, animé, et en trois dimensions, à partir d'une simple photo d'un sujet. De quoi créer une vidéo avec le visage d'Abraham Lincoln ou d'Einstein.
Des élections sous haute tension
Si l'accélération des technologies qui permettent ces deepfakes inquiète, c'est par leur efficacité, mais aussi par le contexte. Dans un monde où l'actualité peut être dictée par les réseaux sociaux, dans une année d'élection américaine dont on sent bien qu'elle ne sera pas un long fleuve tranquille, pouvoir créer de fausses vidéos techniquement parfaites, et surtout en nombre, pourrait avoir un impact inquiétant. Certes, toutes les fausses vidéos peuvent être démenties, mais les créer par dizaines, par centaines chaque jour, pourrait faire tomber un brouillard informationnel sur les débats politiques.
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Reste que pour faire dire n'importe quoi à une vraie-fausse vidéo d'Emmanuel Macron ou de Donald Trump, l'image ne suffit pas, il faut aussi falsifier la voix, et synchroniser les deux. Il y a plus de trois ans, l'éditeur Adobe avait fait la démonstration de Voco, un logiciel de synthèse vocale capable d'imiter une personne, à condition d'avoir pu en analyser la voix, l'écouter pendant quelques minutes, pour arriver à copier accent, rythme, intonations. Le logiciel baptisé Voco n'est jamais sorti, mais la technologie avance. Impressionnant, par exemple, le travail d'une startup américaine à qui l'on peut donner une phrase à prononcer, et qui y plaquera les mouvements des lèvres du sujet dans la vidéo.
Des deepfakes à portée de smartphone
Le seul réel obstacle à une déferlante de fake news dopées par la vidéo, c'est que les outils sont encore loin d'être au niveau du grand public. Mais ça non plus ne durera pas. Hao Li, à côté de sa démonstration à Davos, montrait Pinscreen, son application, déjà disponible sur iPhone. L'appli sait déjà suivre tous les mouvements de votre visage, et y plaque pour l'instant un masque lisse, parfaitement synchronisé. Il n'y aurait plus qu'à y plaquer le visage de votre choix pour en faire une usine à deepfakes qui tiendrait au fond de votre poche.
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