VIDÉO - Intelligence artificielle : quels sont les métiers les plus menacés ?

par Maëlane LOAËC | Reportage TF1 Thomas Jarrion, Vincent Abel-Aneda et Marine Poujol
Publié le 4 mai 2023 à 13h12, mis à jour le 4 mai 2023 à 17h26

Source : JT 20h Semaine

L'intelligence artificielle, avec des outils comme ChatGPT, bouscule déjà le monde du travail.
Mais ce n'est qu'un début : dans de nombreux secteurs, des métiers sont en danger.

Des centaines de questions par jour, traitées par un seul outil, 24 heures sur 24. La start-up française Invoxia, qui propose des colliers connectés pour les chiens, a décidé de miser sur un logiciel d'intelligence artificielle (IA) pour assurer son service après-vente. Les clients peuvent échanger en ligne avec Gus, un robot conversationnel rôdé à tout type d'interrogation sur l'accessoire : quelle taille choisir en fonction de la race et du poids de l'animal, quelle couleur, comment réagir en cas de problèmes techniques... 

"C'est comme si quelqu'un avait appris par cœur toute notre base de connaissances sur le collier, connaissait donc très bien le produit, et était capable de répondre à toutes les questions jour et nuit, dans 25 langues différentes", explique Amélie Caudron, présidente-directrice générale de la société, dans le reportage du 20H de TF1 en tête d'article. La start-up a fait ses calculs : Gus remplace deux postes à temps plein, qui seraient dédiés au service après-vente. Mais elle compte encore, pour l'instant, six employés bien humains au sein du service clients.

En nette progression depuis quelques années, les outils d'IA, comme le logiciel de conversation ChatGPT, bousculent le monde du travail. Aux États-Unis et en Europe, deux tiers des emplois sont déjà "exposés à un certain degré d'automatisation" par ces technologies, selon une étude de la banque américaine Goldman Sachs, publiée en mars. L'IA générative pourrait même "remplacer jusqu'à un quart du travail actuel". Outre-Atlantique, 7% des emplois seraient d'ores et déjà remplaçables, et à l'échelle mondiale, la banque d'investissements estime que 300 millions d'emplois pourraient être menacés par l'IA. 

Les fonctions de bureau, les plus en danger

Une autre étude récente avance des chiffres tout aussi frappants. Huit travailleurs américains sur dix pourraient voir leur quotidien bouleversé par les logiciels conversationnels, capables d'intervenir dans les années à venir dans 10% de leurs tâches, selon une enquête publiée fin mars et menée par l'université de Pennsylvanie et OpenAI, la société à l'origine de ChatGPT. Pour près de 20% d'entre eux, au moins la moitié de leurs tâches pourraient être modifiées par ces technologies. 

En Europe et aux États-Unis, les fonctions les plus exposées face à l'automatisation par l'IA sont naturellement celles de bureau, en particulier les métiers administratifs, selon Goldman Sachs. Du côté des travailleurs américains, son étude cite aussi les postes liés au droit, l'architecture, l'ingénierie, les opérations financières ou encore les sciences de la vie et les sciences sociales. Sur notre continent, les techniciens et les cadres comptent également parmi les premiers concernés. 

De manière plus générale, les postes les plus touchés par la digitalisation et l'automatisation dans le monde correspondent à des professions de bureau ou de secrétariat, confirme aussi le dernier rapport du Forum économique mondial. Selon cette enquête, réalisée auprès de plus de 800 entreprises et quelque 11,3 millions de travailleurs, ce sont 26 millions d'emplois qui pourraient disparaître d'ici 2027 dans l'administration, la comptabilité, la saisie de données, chez les caissiers et guichetiers...

Aux États-Unis, le groupe spécialisé en informatique IBM souhaite déjà remplacer certaines de ses fonctions administratives par l'IA. À Montpellier, le patron du groupe A'Climatis, une PME spécialisée dans le bâtiment, confirme que ces outils ne menacent pas ses vendeurs ou ses techniciens, mais ceux qui travaillent derrière un ordinateur. Pour Grégory Valency, un tiers des postes administratifs de l'entreprise pourraient être remplacés par eux. "J'ai peur que sur toute la partie administrative, que ce soit le planning ou la gestion, l'IA prenne très vite sa place", explique-t-il dans le reportage de TF1. "Elle va être optimale et va pouvoir répondre à de nombreux besoins que l'on a au quotidien, et qui nous coûtent beaucoup." 

Supprimer des emplois... pour en créer d'autres ?

Ce virage technologique pourrait en effet permettre de doper la productivité dans certaines filières. Dans son étude, Goldman Sachs souligne "l'énorme potentiel" de ces outils et estime que le PIB annuel mondial pourrait grimper de 7% à l'avenir, en fonction des possibilités qu'elles offrent et le calendrier de leur mise en œuvre. "La bonne nouvelle, c'est que le déplacement de travailleurs dû à l'automatisation a toujours été compensé par la création de nouveaux emplois", logiquement dans les nouvelles technologies, note aussi la banque américaine. 

D'après le Forum économique mondial, 25% des entreprises craignent que l'intelligence artificielle entraîne des suppressions de postes, mais dans le même temps, elles sont 50% à "s'attendre à ce qu'elle crée des d'emplois". Mais reste à savoir comment accompagner au mieux les salariés mis sur la touche. Toujours selon le même rapport, six employés sur dix auront besoin de suivre une formation d'ici à 2027, pour s'adapter aux mutations du monde du travail en général, mais seuls la moitié des travailleurs semblent aujourd'hui avoir accès à des opportunités adéquates pour se former. 


Maëlane LOAËC | Reportage TF1 Thomas Jarrion, Vincent Abel-Aneda et Marine Poujol

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