VIDÉO - Énergies renouvelables : ce film photovoltaïque d'un laboratoire nantais pourrait changer la donne

M.L | Reportage Anaïs Barth et Hélène Massiot
Publié le 5 novembre 2022 à 20h11, mis à jour le 8 novembre 2022 à 15h45

Source : JT 20h WE

Lors de la COP27 qui s'ouvre dimanche en Égypte, près de 200 pays vont à nouveau tenter de prendre des engagements à grande échelle pour le climat, notamment en faveur des énergies renouvelables.
La France développe ces dernières années à marche forcée les installations photovoltaïques.
Une société nantaise a peut-être inventé un film solaire révolutionnaire.

Il se présente comme un ovni architectural unique en son genre : à Bâle, sur le campus d'un géant pharmaceutique suisse, un bâtiment en forme de couronne est quadrillé d'étranges facettes grises. Ces milliers de losanges, qui recouvrent sa façade, sont en fait des "modules photovoltaïques qui grâce à la lumière du soleil, du matin jusqu'au soir, vont produire de l'énergie", décrit Célia Cantaloube, coordinatrice marketing de l'entreprise Asca, spécialisée dans le film photovoltaïque, dans le reportage du 20H de TF1 en tête d'article. 

Ces losanges produisent autant d'énergie que des panneaux solaires classiques, et ils ont aussi bien d'autres avantages. "Ils sont souples et légers, mais aussi transparents, donc ils peuvent venir s'intégrer sur des vitrages, sans pour autant occulter la lumière", poursuit-elle. En intégrant ce solaire comme une deuxième peau à l'architecture du dôme, cela permet au bâtiment d'être quasiment autonome en énergie. S'il s'agit de la toute première construction en Europe à être équipée de la sorte, la technologie, elle, est 100% française.

Un film plastique souple, fin et translucide

Cette innovation est née près de Nantes, dans les laboratoires de l'entreprise Asca, filiale du groupe Armor, spécialisé dans les cartouches d'encre. "La première étape de fabrication se déroule ici, on fabrique les formulations qui vont venir réagir avec le soleil, et rendre notre produit photovoltaïque", explique Cédric Grapin, responsable des opérations. À la main, il tient une bouteille remplie d'un liquide noirâtre à la main, une encre solaire, en quelque sorte. Dix ans de recherches et de développement ont été nécessaires pour mettre au point tout le procédé industriel du produit.

Grâce à une machine constituée de multiples rouleaux, "on peut imprimer un million de mètres carrés par an, sur un film plastique très fin", poursuit-il. Une bande noire de quelques millimètres à peine d'épaisseur, striée de reflets verts et violets, totalement souple et malléable. La formule n'est pas dévoilée par l'équipe, "pour des raisons de confidentialité". Mais ce qui est sûr, c'est que contrairement à un panneau solaire traditionnel, aucun métal rare n'est utilisé pour la fabrication de ce film photovoltaïque. Léger, il ne pèse que 450 grammes par mètre carré et est recyclable, relève Le Parisien

La société fait donc valoir une méthode de fabrication plus vertueuse, mais aussi une plus grande capacité d'adaptation aux bâtis. "On va pouvoir avoir des modules de différentes formes : un losange, un triangle, ou même des formes plus originales, comme une feuille d'arbre. Tout est possible", commente Moïra Asses, directrice stratégie et marketing d'Asca. Commercialisés depuis 2017, ces films solaires ont déjà séduit l'Allemagne : ils s'affichent sur les balustrades des balcons d'appartements, les toitures et les éclairages publics, et produisent de l'électricité. L'industrie automobile mais aussi textile pourrait s'en équiper. 

En France, une réglementation contraignante

En France, des films photovoltaïques avaient été posés sur les lames brise-soleil de la Cité des Congrès de Nantes en février 2020, comme le rapporte Ouest-France. Mais outre celui-ci, aucun projet n'a encore abouti. En cause, des règles d'urbanisme beaucoup plus contraignantes, empêchant par exemple d'installer cette technologie sur les façades des immeubles, au grand dam du laboratoire. "On parle de réindustrialiser la France et de souveraineté énergétique, et ce film-là coche pas mal de cases. Donc les politiques devraient nous suivre et au contraire nous encourager, nous aider à nous développer", pose Moïra Asses. 

Malgré un surcoût de 10%, le film solaire peut être une réponse pour accélérer la transition énergétique. Il serait sur le long terme plus écologique que le panneau classique : "Là où un panneau photovoltaïque, souvent produit en Chine, absorbe son empreinte carbone en 1,5 voire trois ans, ce film photovoltaïque organique le fait sur une période allant d’1,5 à trois mois ", précise la directrice stratégie et marketing à Ouest-France.


M.L | Reportage Anaïs Barth et Hélène Massiot

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