La course à l'intelligence artificielle au service du diagnostic des cancers bat son plein à travers le monde.De nouveaux outils pourraient à l'avenir permettre aux médecins de mieux adapter les traitements à un stade plus précoce de la maladie.Le 20H de TF1 fait le point sur les avancées de la recherche.
La France entend bien prendre une longueur d'avance dans la course à l'intelligence artificielle (IA) au service du diagnostic des cancers. Faisant figure de leader dans ce domaine, l'Hexagone étudie des systèmes qui pourraient permettre aux médecins de mieux adapter les traitements à un stade plus précoce de la maladie. Des projets au cœur desquels se trouve l'anatomopathologie, une spécialité médicale peu ou pas connue.
Les "anapath" jouent pourtant un rôle clé dans la détection des cancers, en analysant les organes, les tissus ou les cellules, pour repérer et analyser des anomalies liées à une maladie. Des médecins qui pourraient bientôt compter sur le précieux renfort de l'intelligence artificielle. Car si la majeure partie des pathologistes continuent à utiliser exclusivement le microscope pour étudier les lames de verre issues des biopsies, l'usage du numérique progresse. Or, une fois numérisées, ces données constituent une matière première interprétable via les algorithmes et modèles mathématiques de l'IA.
Assister sans remplacer
Exemple chez un urologue que rencontre notre équipe dans le reportage du 20H à retrouver en tête de cet article. Depuis quelques mois, il propose à ses patients un nouveau test du dépistage du cancer de la vessie pour remplacer un examen assez désagréable. "Le but, c'est d'essayer de remplacer la cystoscopie, cette caméra dans la vessie, par des tests non invasifs, où on demande simplement au patient d'uriner dans un pot avant de faire l'analyse avec l'aide de ces logiciels qui utilisent l'intelligence artificielle", explique le docteur Benjamin Pradère, chirurgien urologue.
L'échantillon d'urine, une fois prélevé, est envoyé dans un laboratoire où il est observé au microscope par un médecin, mais aussi par un logiciel, deux à trois fois plus précis que l'œil humain. "L'association des deux permet de rendre un diagnostic encore plus fiable", détaille le docteur Pomone Richard, pathologiste et responsable de l'innovation chez Medipath. Car l'objectif n'est pas de remplacer le médecin, mais de l'assister.
"Les lames contiennent énormément d'informations sur les cellules, qui ne sont pas toutes déchiffrables par l'œil humain", explique Fabrice André, directeur de la recherche de l'institut Gustave-Roussy, centre anti-cancer au sud de Paris. Et pour permettre à l'intelligence artificielle d'être la plus efficace possible, l'institut a conservé des milliards d'échantillons de tumeurs détectées sur des patients ces 30 dernières années pour les "apprendre" à l'IA.
Un système qui peut même aller plus loin : "En lisant une image, un médecin ne peut pas prédire si une cellule va être plus ou moins sensible à un traitement, si un risque de mutation existe... Alors que l'IA, oui", selon Fabrice André. Ainsi, il y a quatre ans, une étude menée par Gustave-Roussy et Owkin, startup franco-américaine spécialisée dans l'intelligence artificielle appliquée au médicament, a montré que l'IA pouvait désigner, parmi des patientes atteintes d'un cancer du sein localisé, les femmes les plus à risque de rechute métastatique sous cinq ans.
Beaucoup de questions en suspens
Fort de ces résultats, le centre anti-cancer et la start-up devenue licorne grâce au soutien du géant pharmaceutique Sanofi, ont lancé en mars dernier un consortium ("PortrAIt"), qui vise à faire de la France "un leader mondial" dans l’utilisation de l’IA pour diagnostiquer et traiter les cancers.
Mais les opportunités ouvertes par l'intelligence artificielle ne se cantonnent pas à l'étude en laboratoire, certaines estiment qu'elle pourrait également permettre d'importantes avancées dans le secteur de l'imagerie. Aujourd'hui, lorsqu'un patient passe un scanner, les médecins peuvent voir où se trouvent les tumeurs, leur taille, mais ne peuvent détecter ce qu'il y a à l'intérieur. Une donnée pourtant essentielle dans le choix des thérapies. L'IA "nous permet de savoir, lésion par lésion, quelle lésion va répondre à l'immunothérapie, sans autre traitement, quelle liaison a besoin, en plus de l'immunothérapie, de radiothérapie, parce que toute seule, elle n'a pas de chance de répondre à l'immunothérapie", explique le docteur Eric Deutsch, chef du département d'oncologie-radiothérapie du centre de lutte contre le cancer Gustave Roussy.
Cibler le bon traitement, au bon endroit, en un seul scanner pour mieux traiter les patients, la technologie devrait se déployer d'ici deux ans. Mais si l'application de l'IA en médecine connaît une importante accélération ces dernières années, il reste à effectuer de nombreuses recherches pour prouver que son usage mérite d'être généralisé comme outil de détection des cancers. Par exemple, est-il efficace chez les personnes de tout âge ? Échappe-t-il au risque de surdiagnostic ? Autant de questions auxquelles il faudra répondre avant de promouvoir l'intelligence artificielle au rang de championne de la détection des tumeurs.
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