De plus en plus de restaurateurs et gérants d'épiceries misent sur l'intelligence artificielle.Des logiciels leur permettent ainsi de prédire les ventes futures ou de commander la bonne quantité de matières premières.Certains restaurants espèrent notamment être plus rentables et minimiser le gaspillage alimentaire.
L'intelligence artificielle investit désormais le milieu de la restauration. La preuve avec l'un des établissements de l'enseigne Côté Sushi. Le nombre de commandes pouvant presque doubler d'un jour à l'autre, le restaurant de sushis a choisi de se fier à l'intelligence artificielle pour gérer au mieux ses stocks de matières premières.
L'enseigne a ainsi misé sur Inpulse, un logiciel qui prend en compte une centaine de paramètres pour réaliser des recommandations sur mesure à chacun de ses 2000 utilisateurs. Parmi ces facteurs, figurent par exemple les prévisions météo, les événements sportifs, les jours fériés ou encore le chiffre d'affaires de la veille. Cette solution permet notamment aux restaurateurs de prédire les ventes futures.
Diminuer les pertes
Selon Brice Konda, dirigeant et fondateur d'Inpulse, la diffusion d'un match de Ligue des champions va par exemple "booster le chiffre d'affaires" du restaurant. Mais la météo peut également influer sur le choix des consommateurs. Ainsi, en cas de chute des températures, "on va consommer moins de sushis et plus de burgers", explique Brice Konda.
Ce service est facturé plusieurs centaines d'euros par mois. Mais il a permis à Emmanuel Taib, fondateur des restaurants Côté Sushi, de diminuer de moitié ses pertes en saumon, son produit le plus cher, et d'augmenter sa rentabilité. "On commande exactement la bonne quantité de poisson, et d'autres produits, et on améliore nos factures d'achat", explique-t-il. "On réduit le gaspillage alimentaire", assure Emmanuel Taib.
L'emplacement du magasin, un critère déterminant
Il n'y a pas que les start-ups qui s'intéressent à l'intelligence artificielle. À Saint-Étienne (Loire), le géant de la distribution Casino vient de développer son propre algorithme, une nouvelle plateforme de commandes pour les gérants de ses 6000 supérettes. Son objectif est de mettre en avant les produits qui correspondent le mieux au profil des magasins grâce à une cinquantaine de critères, comme l'emplacement.
Guillaume Civat, directeur de la transformation digitale du groupe Casino, prend l'exemple de l'offre de snacking, c'est-à-dire les salades et les sandwichs généralement privilégiés par les travailleurs pour leur pause déjeuner. "S'il y a des entreprises à proximité, forcément, on va avoir un assortiment préconisé par l'intelligence artificielle qui prendra en compte ce caractère-là", détaille-t-il. À l'inverse, les biscuits et les bonbons seront davantage recommandés pour les magasins situés près des écoles.
À Saint-Martin-la-Plaine (Loire), l'épicier du village ne passe plus commande sans consulter le logiciel. "Ça nous permet d'optimiser nos ventes sur les produits qui sont les plus sortis par rapport à tous les magasins du parc", assure Nicolas Jubin, co-gérant de magasin Vival, selon lequel l'intelligence artificielle "permet de gagner du temps". À sa grande surprise, cette IA lui a récemment recommandé d'ajouter une marque qu'il n'avait jamais mise en rayon. Un conseil qu'il a suivi malgré ses doutes. Grâce à ce logiciel, Nicolas Jubin a augmenté son chiffre d'affaires de 3% en un an.