Passoires thermiques : vers un report de l'interdiction à la location ?

Publié le 27 septembre 2023 à 9h09, mis à jour le 27 septembre 2023 à 13h30

Source : JT 13h Semaine

Le ministre de l'Économie s'est dit, mardi, "très favorable" à "titre personnel" à une révision du calendrier concernant l'interdiction à la location des passoires thermiques.
Des propos nuancés dès le lendemain, Bruno Le Maire précisant qu'il n'était "pas question de modifier le calendrier".
La mesure prévoit de sortir du marché locatif les logements classés "G" dès 2025.

"Décaler les calendriers" pour mieux accompagner les propriétaires de logements. C'est l'idée lancée par Bruno Le Maire dans une interview au Parisien, mardi 26 septembre. Interrogé sur la politique du gouvernement face aux logements considérés comme des "passoires thermiques", le ministre de l'Économie a ouvert la porte à une révision du calendrier élargissant leur interdiction sur le marché locatif, arguant que l'inflation avait changé la donne. "Je considère que tout ce qui a été décidé avant la hausse des taux mérite d'être regardé à nouveau à l'aune de cette crise", a détaillé le ministre, estimant que "ce qui était possible lorsque l'argent était disponible, devient impossible avec des taux aussi élevés".

Un chantier crucial

Bruno Le Maire a affirmé qu'il allait "regarder si on peut décaler les calendriers" alors que la loi "Climat et Résilience" promulguée en 2021 prévoit l'interdiction à la location dès le 1er janvier 2025 des logements classés G par le nouveau diagnostic de performance énergétique (DPE) qui se base désormais sur les caractéristiques d'un bâtiment et non plus sur les factures d'énergie. Une interdiction qui devait être étendue aux logements classés F en 2028 alors que Bruno Le Maire s'est questionné sur ce nouveau DPE : "Est-ce que ce classement dit DPE ne peut pas être amélioré ? Avec mon collègue de la Transition écologique Christophe Béchu, nous sommes prêts à ouvrir ce débat", a-t-il assuré.

Si le ministre de l'Économie n'a pas acté un report concernant le calendrier d'interdiction de location pour les passoires thermiques, il s'est dit "très favorable" à la mesure à "titre personnel", en particulier pour les copropriétés. Des affirmations nuancées dès le lendemain après de vives critiques provenant de la majorité présidentielle. Bruno Le Maire a ainsi précisé à l'AFP, mercredi, que qu'il n'était "pas question de modifier le calendrier tel qu'il a été déterminé" mais de "réfléchir à la manière dont on peut être plus souples et plus clairs pour nos compatriotes". 

Le chantier de la rénovation des logements en France est au cœur des enjeux pour faire face au changement climatique dû aux activités humaines et répondre à la crise énergétique. Le secteur du bâtiment représente à lui seul 20% des émissions de gaz à effet de serre nationales alors que 20% des ménages en France sont en situation de précarité énergétique. Mieux isoler et réguler les températures des habitations est crucial pour réduire l'empreinte carbone de la France et atteindre l'objectif de 55% de baisse des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 et la neutralité carbone en 2050. Des objectifs indispensables pour maintenir la hausse des températures en dessous des deux degrés.

Un enjeu que ne nie pas Bruno Le Maire qui assure que malgré sa volonté de décaler le calendrier des passoires thermiques, son "objectif reste le même", soit "être la première économie européenne décarbonée en 2040". Un but qu'il veut atteindre en évitant "toute écologie punitive" mais en promouvant une "écologie pragmatique et incitative", assurant que "quand on augmente de 1,6 milliard d'euros les crédits dédiés à la rénovation des logements dans le budget 2024, c'est pour accompagner [les] propriétaires". 


Annick BERGER

Tout
TF1 Info