Crédit immobilier : les règles assouplies ? La Banque de France pointe un "risque de surendettement"

par I.N
Publié le 6 avril 2023 à 12h05
JT Perso

Source : JT 20h Semaine

Face à une baisse de l'octroi des crédits immobiliers, le gouvernement réfléchit à un assouplissement des règles.
La Banque de France ne voit pas la situation du même œil, et pointe le "risque de surendettement" des ménages.

Comment relancer un marché de l'immobilier en difficulté ? Alors que la production de crédits est en baisse, et que de nombreux ménages voient leurs dossiers retoqués et leurs ambitions d'achat reportées, le gouvernement réfléchit à alléger les conditions d'octroi du crédit immobilier. Mardi 4 avril, le ministère de l'Économie a indiqué que des "travaux d'évaluation" étaient "en train d'être menés" concernant les conditions d'accès.

"Le plus mauvais moment pour le faire"

Depuis le 1er janvier 2022, les banques françaises doivent respecter certains critères, définis par le Haut conseil à la stabilité financière, pour accorder un crédit immobilier : un taux d'effort, c'est-à-dire le montant total des dépenses liées à l'habitation rapporté aux revenus, de 35% maximum et une durée d'endettement de 25 ans au plus (ou 27 dans certains cas). Les établissements ont toutefois la possibilité de déroger à ces critères pour 20% des crédits, mais, selon la Banque de France, cette flexibilité "n'est utilisée que partiellement par les banques, à 14,5%".

La Banque de France, justement, est beaucoup plus mesurée sur l'initiative de Bercy. "Modifier" ces normes de protection actuellement en place "ne changerait pas le cycle normal du crédit immobilier", assure-t-elle dans une note publiée cette semaine.

En revanche, cela "risquerait de pousser nombre de ménages vers des situations de surendettement à durée longue et taux plus hauts. Ce serait le plus mauvais moment pour le faire, alors que l'endettement des ménages français, à 66% du PIB, est déjà supérieur au reste de la zone euro et à tous nos grands voisins", avertit la Banque de France. "Au-delà d'éventuels aménagements à la marge, il est important de ne pas déséquilibrer le financement sain de l'immobilier comme base du développement durable de ce secteur."

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En outre, la Banque de France juge que "la moindre production du crédit immobilier, qui fait suite à plusieurs années de très forte croissance du crédit à des taux très bas, s'explique aujourd'hui avant tout par la moindre demande des ménages", qui "ont satisfait beaucoup de leurs demandes durant ces années, y compris jusqu'au premier semestre 2022. Ils attendent de façon assez logique la stabilisation des prix de l'immobilier", selon elle. Depuis des mois, plusieurs acteurs de l'immobilier tirent pourtant la sonnette d'alarme, disant craindre un effondrement des crédits octroyés.


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