GRAND AIR - Le marché de l'immobilier reprend des couleurs. Les Parisiens se ruent sur les maisons de campagne, à en croire l'activité effrénée d'une agence immobilière de Sancerre (à deux heures de la capitale). Ayant expérimenté le télétravail pendant le confinement, certains envisagent même de s'y installer à l'année.
Pas de temps à perdre pour se mettre au vert. L'appel du grand air largement ressenti par les citadins confinés (à en croire la hausse des recherches de maisons dont ont fait état de nombreux sites d'annonces immobilières) se concrétise déjà en agence. Que ce soit pour acheter une résidence secondaire ou même s'installer à l'année, les clients ne se font pas attendre depuis que le déconfinement a été enclenché le 11 mai.
C'est en tout cas flagrant à l'agence immobilière Demeures de campagne de Sancerre dans le Cher : "Les demandes de renseignements, qui s'étaient intensifiées pendant le confinement, se prolongent désormais sur place", constate, ce mardi 19 mai auprès de LCI, Stéphanie Joyeux, responsable de cette agence située à 200 km de la capitale et dont 80% de la clientèle est parisienne. Depuis une semaine, les rendez-vous s’enchaînent en effet à un tel rythme que la professionnelle est certains jours sur le pont de 8 heures à 20 heures.
Malgré la distance de plus de 100 km imposant pour le moment encore une attestation pour se déplacer (raisons professionnelles ou familiales impérieuses), de nombreux clients venant de Paris, et visiblement très motivés, passent à travers les mailles du filet pour venir en personne visiter le bien et ainsi confirmer leur choix. "J'en retrouve toute la journée. Certains cherchent à déménager. Il s'agit de personnes avec ou sans enfant qui avaient un projet latent de tététravail avant le confinement", détaille-t-elle.
La survenue de la crise du coronavirus a alors changé la donne, agissant comme un révélateur ou un accélérateur : "Le télétravail s'est avéré possible ; nous l'avons vécu pendant deux mois. Les personnes dont le métier ne requiert pas de bureaucratie classique envisagent en effet de s'installer définitivement dans la région. Nous avons par exemple de nombreux producteurs, pilotes ou cinéastes qui viennent habiter ici", illustre encore Stéphanie Joyeux. Il ne s'agit donc pas seulement de venir chercher un bol d'air pour le week-end ou les vacances.
Un petit coin de paradis au prix d'un studio parisien
Stéphanie Joyeux, créatrice de l'agence Demeures de campagne, à Sancerre
Mais pourquoi ce succès dans la campagne environnant Sancerre ? "A deux heures de Paris par le train ou l'autoroute A 77, ces maisons sont accessibles et à des prix abordables de 1.000/1.500 euros/m² voire 2.000 euros/m² au maximum pour un très beau produit. Cette région est en concurrence avec le Perche et la Normandie quant à eux saturés et hors de prix", observe celle qui a créé son agence il y a neuf ans.
Proposant tous types de biens avec jardin ou terrain, de la petite ferme à la maison de maître et de 85.000 euros à 700.000 euros, elle est persuadée que les prix de vente de ces propriétés entre vignobles et bords de Loire ne baisseront pas : "Les vendeurs sont très sûrs d'eux. Il s'agit de produits authentiques, de petits coins de paradis, pour certains au prix d'un studio parisien. Or nous n'avons pas assez de biens pour que l'offre devienne supérieure à la demande". D'autant que "l'attente pendant le confinement a crée une impatience" de la part des acheteurs potentiels, qui affluent donc désormais.
Un regain d'activité de "20% à 30 %" au dessus de la normale bienvenu pour cette agence de Sancerre, qui a évidemment souffert, comme tout le secteur, de l'impossibilité d'organiser des visites pendant le confinement. "La semaine du pont de l'Ascension est cependant toujours très chargée", nuance Stéphanie Joyeux.
Même si la saison sera de toute évidence très dynamique pour elle, pas sûr qu'un rattrapage complet des deux mois quasiment à l’arrêt aura lieu dans les prochains mois. Deux questions se posent en effet pour la période à venir : l'engouement perdurera-t-il et les banques vont-elles renforcer leur vigilance pour accorder des prêts immobiliers ?
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