La municipalité d'Annecy a décidé de faire la chasse aux boîtes à clés accrochées au mobilier urbain.Objectif : lutter contre les locations saisonnières de courte durée qui pénalisent les habitants.Lille, Saint-Malo... D'autres communes sont déjà ainsi passées à l'action.
Aussi petites soient-elles, elles ont le don d'exaspérer au plus au point les municipalités concernées. Accrochées sur les supports à vélos, aux barrières ou directement sur les murs, les boîtes à clés des locations saisonnières envahissent les centres-villes, au point que certaines communes ont décidé de passer à l'action. C'est notamment désormais le cas d'Annecy, en Haute-Savoie, qui part à la chasse à ces petits coffres-forts disséminés par certains propriétaires de AirBnB sur le mobilier urbain, par convenance personnelle ou pour ne pas payer une conciergerie, mais quoi qu'il en soit en toute illégalité.
"L'hôte a donné par avance la clé à ceux qui louent l'appartement, ils ouvrent et à l'intérieur, ils trouvent la clé de l'appartement", explique dans notre reportage en tête de cet article Chantale Farmer, maire déléguée de la commune d'Annecy, aux côtés de policiers municipaux missionnés ce jour-là pour les ôter. Les propriétaires concernés auront plusieurs jours pour récupérer leurs clés, déposées aux objets trouvés avec le lieu où la boîte à clé a été retirée.
"Autant de logements qu'on ne peut pas proposer"
Outre le fait que cette utilisation du mobilier urbain soit illégale, le geste qui consiste à les retirer vise aussi à lutter contre les locations courte durée. À titre de repère, à Annecy, la mairie dénombre actuellement 4.600 meublés de tourisme, soit quatre fois plus qu’il y a cinq ans. Le cœur historique est le quartier le plus concerné, avec environ 20% des logements loués à des touristes. "Les propriétaires font beaucoup pour les touristes, mais pour les personnes qui vivent sur Annecy, il n'y a pas grand-chose", déplore une habitante.
Dans ce contexte, la mairie veut aller plus loin et instaurer des quotas afin que chaque propriétaire ne puisse louer qu’un seul logement courte durée. "Évidemment, on n'est pas contre le fait qu'on ait un meublé de tourisme pour compléter ses revenus, mais on est plutôt en chasse, entre guillemets, contre les propriétaires qui ont six ou sept biens qui sont autant de logements qu'on ne peut pas proposer sur le marché aux habitants", souligne Sophie Garcia, conseillère municipale déléguée au logement abordable.
D'autres communes concernées
Certains propriétaires ont déposé un recours devant la justice. Pour Anne Fontanel, propriétaire d'appartements, les locations saisonnières ne sont pas toutes à bannir. "Dans mes appartements, il m'arrive régulièrement de recevoir des étudiants qui n'ont besoin de se loger que cinq jours par semaine, ou des travailleurs en mission", argue-t-elle.
Annecy est loin d'être la seule commune concernée. En mai 2021, un ex-conseiller municipal de Barritz, Eric Bonnamy, s'était déjà filmé une boîte à clés à la main, pour alerter sur la situation, avant d’en démonter une seconde, à la meuleuse. Une vidéo ensuite été postée sur son compte Facebook puis retirée pour "incitation à la violence". Il y a un an, c'est le maire de Wimereux qui voyait rouge en s'apercevant que ces fameux coffres-forts ouvrables grâce à un code faisaient leur apparition sur le domaine public. La ville de Lille a elle aussi déjà communiqué sur ses razzias sur les boîtes à clés pour éviter leur prolifération, inspirée de ce qui avait été fait à Saint-Malo, en Bretagne.
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