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VIDÉO - Comment se loger à l'année quand on travaille dans une zone touristique ?

par L.T. | Reportage TF1 : Lucas Zajdela, Stéphane Deperrois, David Salmon
Publié le 21 mai 2023 à 22h12
VIDÉO - Comment se loger à l'année quand on travaille dans une zone touristique ?

Source : Getty Images

Les stations touristiques passent de quelques milliers d’habitants l’hiver à plusieurs dizaines de milliers l’été.
Mais ceux qui y travaillent à l’année, mais aussi en saison, ont du mal à trouver un logement.
Comment se loger alors à l’année dans une zone touristique ?

Sur la presqu’île de Quiberon, il y a 4500 habitants l’hiver et 50.000 l’été. Alors forcément, quand on y vient au printemps, on voit d’abord des volets fermés. Dans cette commune, un peu plus de 70% des habitations sont des résidences secondaires. Hors saison, la ville est très calme et trouver un logement à l’année est un défi malgré une quinzaine d’agences immobilières. 

"Ce sont les touristes qui nous font vivre"

Samuel Leport, boulanger, a eu du mal à trouver une location en s’installant dans la région. "On est revenus dans la région en 2021 et on a mis quatre mois pour trouver notre premier logement, donc moi, comme j’avais commencé le travail, on était hébergés. Je faisais 70 kilomètres aller et 70 kilomètres retour pour aller au travail", affirme-t-il. 

Il a finalement réussi à acheter une maison, mais à 25 kilomètres de son travail. Alors faut-il en vouloir à ces touristes et à ces urbains qui viennent faire monter les prix ? C’est tout le débat ici. "Ce sont eux qui nous font vivre une partie de l’année aussi. Si on enlevait tous ces touristes, certainement, on pourrait se loger plus facilement à Quiberon, mais est-ce qu’il y aurait du travail ?", demande Samuel. 

Des saisonniers logés dans les campings

Pour le patron, cet afflux de touristes est une aubaine. Mais pour répondre à la demande, il faut embaucher des saisonniers l’été et donc pouvoir les loger. "On achète une caravane pour la mettre en camping. Ce sont quand même des frais supplémentaires et des choses qu’on n’a pas l’habitude de traiter. Il faut acheter une caravane, trouver un emplacement, payer l’emplacement et l’hivernage", explique le patron. 

Faute de logements, la population permanente diminue : presque 10% d’habitants en moins en quinze ans. Les Quiberonnais comme Guy se sentent un petit peu comme une espèce menacée. "Arrivé à un moment, il n’y aura plus de Quiberonnais du tout. On sera entre touristes", rit-il. 

Pourquoi cette impression que le phénomène s’accentue ?

Quiberon a toujours été une station touristique. Mais depuis quelques années, c’est encore plus facile de louer à la nuit ou à la semaine. Béatrice et Pierre ont lancé leur service de conciergerie il y a cinq ans. En échange d’un pourcentage sur les loyers, ils s’occupent de tout. Le propriétaire n’a plus qu’à confier ses clés. "Tout est géré par la conciergerie, que ce soit le ménage, que ce soit la gestion du linge, que ce soit l’accueil, que ce soit le départ. S’il y a des litiges, c’est la conciergerie qui gère. Tout est pris en charge", explique Pierre. 

Avec un tel service, la tentation est grande pour certains acheteurs de privilégier les investissements spéculatifs. "Vous pouvez avoir des gens qui achètent des propriétés pour essayer d’en faire un gagne-pain. Ils peuvent très bien acheter des biens et les confier à une conciergerie dans la foulée", reprend Pierre. 

S’éloigner de la côte

Le calcul est rapide. En trois mois d’été, un logement peut rapporter plus d’un an de loyer. Tout le littoral breton est concerné. Une seule option pour beaucoup : reculer à l’intérieur des terres. Le village d’Elven (Morbihan) est en plein essor. En 20 ans, il est passé de 4000 à 6000 habitants, grâce notamment à ses lotissements. À chaque nouveau projet immobilier, beaucoup de candidats. 

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Mathieu a grandi sur la côte. Mais c’est seulement ici qu’il peut devenir propriétaire et il s’estime déjà chanceux. "La personne qui avait réservé ce terrain a eu le malheur d’avoir un refus de prêt et donc la parcelle s’est retrouvée de nouveau sur le marché et on a pu saisir l’opportunité pour récupérer ce beau terrain", déclare-t-il. 

En conséquence, ici aussi, les prix s’envolent et la situation risque d’empirer. Car pour préserver l’environnement, le nombre de terrains constructibles va fortement diminuer. Bientôt, s’éloigner de la côte ne suffira sans doute plus à se loger.  


L.T. | Reportage TF1 : Lucas Zajdela, Stéphane Deperrois, David Salmon

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