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Les petits gestes pour l’environnement : pour un usage unique n’achetez plus, louez !

Publié le 23 mars 2023 à 10h32
JT Perso

Source : JT 20h Semaine

Un groupe d’amis normands a mis au point une application qui met en relation des utilisateurs cherchant à louer des outils dont ils ne se servent pas d’habitude.
"J’achète pas !" permet d’emprunter une enceinte à l’occasion d’un anniversaire, une piscine gonflable pour recevoir ses petits enfants ou une perceuse s’il faut poser une étagère.
Un de ses concepteurs décrit l’engouement suscité par le projet.

Chaise longue, scie, bouée, désherbant… Combien d’outils invendables ou objets inutilisés dorment dans nos greniers, caves ou dans d’encombrants cartons ? Nous nous en servons une fois par an avant de les laisser se détériorer lentement. Quelques chiffres mesurent le phénomène : 68 % de nos vêtements restent indéfiniment pliés dans nos armoires, de 54 à 110 millions de téléphones emplissent nos placards, en moyenne 99 objets électroniques (dont 6 jamais utilisés) s’empilent dans les foyers français, etc. D’après une étude de l’Agence pour la Transition écologique (Ademe), publiée en 2022, 2,5 tonnes d’objets encombrent nos foyers. L’organisme gouvernemental conseille de trier pour "réaliser l’importance de l’accumulation et du gaspillage".

Or, difficile de trier sans jeter. Sur les sites de revente de particuliers à particuliers, les objets ne se vendent pas forcément tandis que d’autres ne se recyclent pas. Les prêter donne l’occasion de leur offrir une seconde vie. Un groupe de sept amis, répartis dans les environs de Cabourg (Calvados), créent "J’achète pas !" à la fin de l’été 2021. Olivier Ezvan, vétérinaire, fait partie de la bande. Il voit chaque été des conteneurs entiers de planches à voile ou autres salons de jardin jetés à la va-vite. "En vacances, vous pourriez avoir besoin de quelque chose que vous n’avez pas sur place : un vélo, une tente, etc. ou vous pouvez essayer de pratiquer une activité. Ensemble, nous pensons que si les vacanciers avaient pu louer ces objets, ils n’auraient pas acheté des articles encombrants impossibles à ramener", assure le quadragénaire. Les sept amis décident ainsi de favoriser et faciliter les démarches du vacancier désirant se servir temporairement d’un objet.

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Louez à l’utilisation

L’application se présente sous la forme d’un moteur de recherche : nom de l’objet, localisation par ville. "Vous pouvez rechercher tous les objets d’un lieu donné ou les objets d’un même propriétaire. C’est simple et intuitif. Plus de 3 000 personnes ont téléchargé l’app", s’enthousiasme Olivier Ezvan. Sur la plateforme, des dizaines d’outils du jardin, du matériel de bricolage, des jeux de plage, des robes de soirée, des amplificateurs de son, des appareils à raclette, etc. attendent votre clic. Il suffit d’entrer son objet avec description, photo, prix et durée de location. Les commerçants sont également invités à partager leurs offres. La personne intéressée peut envoyer un message au loueur pour convenir du prix. "Les transactions ne passent pas par nous, nous mettons juste un bandeau publicitaire généré par Apple et Google. Nous sommes encore en phase de test", explique le vétérinaire. Les élus, conquis, couvent la start-up : "Tristan Duval, maire de Cabourg, nous a dit que c’était génial et que ça répondait à un vrai besoin. Il a créé une pépinière et nous a mis à disposition une salle gratuitement pendant 1 an".

Des histoires, Olivier Ezvan commence à en avoir à raconter : "Un cheval d’une dame perd son fer. Elle le recherche partout dans son champ sans succès. Elle finit par prendre peur qu’il se blesse. Elle envoie un message sur un groupe Facebook et quelqu’un lui invite à louer un détecteur de métaux. Il se trouve que j’en avais acheté un pour aider les enfants à chercher des trésors sur la plage. Je le lui loue et elle retrouve le fer de son équidé." Le groupe d’amis ne sait pas ce que les bénéficiaires se racontent ni si les produits qui fonctionnent. Ils jurent que ce genre de service peut aider des vacanciers à se lancer des défis : "Je suis contacté un jour par un monsieur qui habite en région parisienne. Il prévoit de passer un week-end au bord de la mer avec ses enfants. Il envisage d’expérimenter le camping. Il me loue une tente, des matelas gonflables et tout ce qu’il faut pour dormir confortablement. Il me dit avoir réservé un terrain, mais n’être pas sûr de l’utiliser. Il se disait prêt à réserver un hôtel pour se rabattre. Résultat, toute la famille est revenue me rendre la tente enchantée par leur séjour."

Au-delà du service rendu, les bénéficiaires de "J’achète pas !" assurent que l’application génère du lien social. "L’aventure humaine nous motive", se réjouit Olivier Ezvan. Les sept amis louent l’économie collaborative et pensent que ce biais peut se révéler bénéfique pour l’environnement.


Geoffrey LOPES

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