Le Pape réduit un prêtre chilien à l'état laïc pour pédophilie

Publié le 28 septembre 2018 à 18h18, mis à jour le 28 septembre 2018 à 18h34
Le Pape réduit un prêtre chilien à l'état laïc pour pédophilie
Source : VLADIMIR RODAS/AFP

SANCTION - Fernando Karadima, un prêtre condamné pour pédophilie a été réduit à l'état laïc par le pape François ce vendredi. Le Vatican explique qu'il s'agit d'une "décision exceptionnelle", prise en "conscience pour le bien de l'Eglise". Il est désormais "dispensé de toutes ses obligations ecclésiales", n'a plus le droit de dire la messe ou d'administrer les sacrements.

L'affaire avait conduit le pape à demander pardon aux victimes du prêtre pédophile, en juin dernier. Trois mois plus tard, il a pris une décision plus radicale : Fernando Karadima, condamné pour pédophilie en 2011, a été réduit à l'état laïc par le pape François. 

Le religieux avait déjà été contraint de se retirer pour une vie de pénitence. Les faits qui lui sont reprochés étant prescrits, le Vatican a expliqué dans un communiqué : "Le Saint-Père a pris cette décision exceptionnelle en conscience et pour le bien de l'Eglise". Dans un rapport transmis à l'Eglise chilienne en janvier, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi avait imposé à Karadima, "compte tenu de son âge et de son état de santé", une "vie de prière, de pénitence et de réparation envers les victimes". 

Ce prêtre chilien approchant les 90 ans, et ancien formateur charismatique de générations de prêtres, avait été reconnu coupable de faits de pédophilie, par le Vatican, en 2011, au terme d'une enquête canonique. Un an auparavant, la justice chilienne n'avait pourtant pas donné suite aux accusations et classé l'affaire sans suite, en raison des faits prescrits. Effet bénéfique ou pas de la condamnation par le Vatican, en 2011, elle avait rouvert cet épineux dossier et condamné le prêtre. 

Désormais réduit à l'état laïc, Karadima est "dispensé de toutes ses obligations ecclésiales", n'a plus le droit de dire la messe ou d'administrer les sacrements. Une peine alourdie à son niveau maximal qui a été adressée ce vendredi à l'intéressé. "Le pédophile Karadima expulsé du sacerdoce", s'est réjoui sur Twitter Juan Carlos Cruz, l'une des victimes de l'ex-prêtre reçues par le pape. "Je n'aurais jamais pensé voir ce jour. Un homme qui a ruiné la vie de tant de gens. Je remercie le pape d'avoir finalement pris cette décision. J'espère que de nombreux survivants ressentiront un léger soulagement aujourd'hui".

Un scandale bien plus large que le seul cas de Fernando Karadima

En tout, depuis les années 60, 158 personnes ont été visées par une enquête pour abus sexuels sur des mineurs et des adultes et le parquet général a compté 266 victimes dont 178 étaient mineures. Des chiffres communiqués par la justice de ce pays en juillet dernier et qui permettent de mesurer l'ampleur du phénomène, plus large que le simple cas de Fernando Karadima. 

En mai dernier, l'ensemble de la hiérarchie de l'Eglise chilienne a présenté sa démission au pape dans le cadre de ce scandale :  un coup de tonnerre qui a fait suite à une série de mea culpa de François adressés au peuple chilien. Il s'agit d'une démarche inédite dans l'histoire récente de l’Eglise catholique. Le pape avait alors reconnu que l'Eglise n'avait pas "su écouter et réagir à temps", face à ces scandales. 

En effet, durant longtemps, il avait apporté son soutien à Mgr Barros, évêque soupçonné d'avoir tu les actes pédophiles du père Karadima durant une dizaine d'années. C'est l'omerta présumée de cet évêque, qui est à l'origine de l'énorme scandale. L'affaire avait été médiatisée avec la décision de François de nommer Mgr Juan Barros évêque d'Osorno alors qu'il était soupçonné d'avoir couvert les agissements de Fernando Karadima. Le pape avait alors exigé des preuves de son implication avant de s'excuser auprès des victimes et d'engager l'Eglise du pays à une profonde remise en question. "Je ne peux m'empêcher de manifester la douleur et la honte que je ressens face au mal irréparable fait à des enfants par des ministres de l'Eglise", avait déclaré le pape devant les autorités politiques et civiles réunies au palais présidentiel de La Moneda.


La rédaction de TF1info

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