A Tunis, des centaines de personnes manifestent pour "nettoyer la Tunisie des violences contre les femmes"

par Sébastie MASTRANDREAS
Publié le 2 décembre 2019 à 2h32, mis à jour le 2 décembre 2019 à 7h24
JT Perso

Source : JT 20h WE

MOBILISATION - Samedi 30 novembre à Tunis, capitale de la Tunisie, des centaines de manifestantes ont défilé contre les violences faites aux femmes, appelant les autorités à se mobiliser pour renforcer les droits des Tunisiennes.

Balais, tambour ou casseroles à la main, leur message était clair : "nettoyer la Tunisie des violences contre les femmes". Samedi 30 novembre à Tunis, des centaines de manifestants, en grande majorité des femmes, ont marché dans le centre de la capitale, appelant les autorités à se mobiliser pour renforcer les droits des Tunisiennes.

Alors que la "loi 58", votée en 2017 est censée protéger les femmes des agressions sexuelles et du harcèlement, la situation n’évolue pas en Tunisie. La manifestation de samedi répondait à l’appel d’une cinquantaine d’ONG locales, qui réclamaient la fin de l’impunité des auteurs de violences faites aux femmes, et la "vraie mobilisation des autorités". 

#MeToo tunisien

Le 11 octobre dernier, un événement a mit le feu aux poudres, réveillant la société civile. Une vidéo est devenue virale, montrant le député Zouhair Makhlouf qui semble se masturber devant un lycée. Depuis cet incident, le hashtag #EnaZeda, le #Metoo tunisien a vu le jour libérant la parole des milliers de femmes victimes de harcèlement ou d'agressions sexuelles. Sur le groupe Facebook du même nom, comptant près de 13 000 membres, des témoignages poignants affluent chaque jour.

Plus récemment, un rappeur a été arrêté après avoir appelé au viol d’une chroniqueuse télé dans une de ses chansons. Un cas supplémentaire de "banalisation de la violence du discours de haine" contre les femmes, s’inquiète Yosra Frawes, présidente de l’association tunisienne des femmes démocrates dans les colonnes du Monde. Le rappeur en question a été arrêté, mais continue de recevoir le soutien de la communauté artistique et parmi les jeunes, générant une "impunité", selon une activiste du mouvement #EnaZeda. 

Manque d’une "réelle prise de conscience politique"

Pour Yosra Frawes, il manque "une réelle prise de conscience politique" en Tunisie. "La question des budgets pour l’application de la loi sur les violences ne figure pas dans la nouvelle loi de finances, et le nouveau chef du gouvernement n’a pas écouté les femmes, ni évoqué l’égalité des sexes et la parité dans ses pourparlers  concernant le gouvernement", explique-t-elle au Monde

Même si les agressions sexuelles sont punies par la loi, et que, depuis juillet 2017, le harcèlement sexuel dans les lieux publics est passible d’un an de prison et de 3000 dinars - soit environ 950 euros - d’amende, les femmes portent rarement plainte en Tunisie. Le gouvernement quant à lui a réagi fin octobre, lançant une campagne de sensibilisation sur le harcèlement dans les transports en commun visant à encourager les témoignages. 


Sébastie MASTRANDREAS

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