Après l'accident qui a tué au moins 47 personnes en Grèce, mardi soir, la polémique enfle sur l'état du réseau ferroviaire du pays.La vétusté est pointée du doigt par les syndicats et la Commission européenne.Il y a quinze jours, Athènes a été assigné devant la Cour de justice à cause de son réseau.
Un drame évitable ? Après la catastrophe ferroviaire qui a fait au moins 47 morts mardi 28 février au soir près de Larissa, en Grèce centrale, le gouvernement a esquissé un mea culpa. Il faut dire que, de la Commission européenne aux syndicats, nombreuses sont les voix à s'être élevées ces dernières années pour tancer un service défectueux.
Si le réseau ferroviaire est traditionnellement peu développé dans le pays, les Grecs bénéficiant d'un maillage dense de liaisons par autocars, il est devenu au fil des ans obsolète. C'est en tout cas l'avis de ceux qui l'utilisent au quotidien, à commencer par les conducteurs. Le président du syndicat OSE, Kostas Genidounias, a dénoncé le manque de sécurité, selon lui, sur cette ligne qui relie les deux principales villes de Grèce. "Toute (la signalisation) est faite manuellement. C'est depuis l'an 2000 que les systèmes ne fonctionnent pas", s'est-il emporté sur la chaîne de télévision Ert. Auparavant, il avait également assuré à l'AFP qu'"aucun système de sécurité, télécommande et feu de circulation ne fonctionnait".
Une organisation avait prévenu le 7 février d'un "accident à venir"
Le problème serait latent, selon les syndicalistes. Une organisation avait prévenu pas plus tard que le 7 février d'un "accident à venir". "Tant que des mesures ne seront pas prises sur les lieux de travail et la sécurité de l'exploitation et de la circulation des trains, les accidents ne cesseront pas." Et de mettre en garde : "Il est exaspérant de voir qu'il s'agit désormais d'un phénomène quasi-quotidien et qu'aucune mesure indispensable n'est prise, qu'aucune amélioration de l'infrastructure et du fonctionnement ne soit lancée, que les agences impliquées ne soient pas contrôlées et qu'aucune responsabilité ne soit recherchée."
Au centre des critiques : la sécurisation du réseau. Le syndicat OSE a rappelé mardi que les employés ont souvent protesté pour que des dispositifs de sécurité comme le Système européen de contrôle des trains soient mis en place. Et pour cause : la Grèce est le seul pays de l’Union européenne (UE) a ne pas avoir adopté cette technologie. Le 15 février, la Commission européenne a d'ailleurs saisi la Cour de justice européenne contre la Grèce pour "non-respect des règles relatives au transport ferroviaire".
Si la Commission veut mettre le dossier entre les mains des juges, c'est notamment en raison du lourd bilan de la Grèce, bien avant l'accident de Larissa. Entre 2010 et 2018, 137 morts et 97 blessés graves ont été recensés. En 2019, l’Institut MIIR avait publié une enquête dans laquelle le pays se classait au premier rang de l’UE concernant le nombre de décès liés à des accidents ferroviaires par rapport aux kilomètres parcourus par les trains au cours de l’année.
Sous le feu des critiques, le groupe public italien Ferrovie dello Stato (FS), qui contrôle la société des chemins de fer Hellenic Train, n'a pas fait de commentaires dans l'immédiat. FS avait mis la main sur ce secteur en 2017 dans le cadre d'un vaste programme de privatisations décidé par les créanciers de la Grèce au cours la décennie de la crise financière (2009-2019). Pour beaucoup d'usagers, la situation n'a cessé, depuis, de s'aggraver. Des habitants ont d'ailleurs manifesté à Larissa portant des banderoles ! "La privatisation tue". Des manifestations ont eu lieu à Athènes également, devant le siège de Hellenic Train.
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