DIPLOMATIE - Après les révélations concernant le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, les Occidentaux ont pris leurs distances avec Ryad. Mais difficile de condamner ouvertement le royaume, avec lequel les liens sont très nombreux.
Un associé encombrant. A l’heure où les révélations se succèdent dans l’affaire Khashoggi, ce journaliste assassiné dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, les Occidentaux tentent de ménager tant bien que mal Ryad. Difficile de se mettre à dos le royaume, un partenaire-clé sur tous les plans : stratégique, militaire ou commercial.
Difficile de retirer au royaume son titre de poids lourd au Moyen-Orient. En particulier car il s’agit du premier exportateur mondial de pétrole et de la première économie du monde arabe. Le pays dispose en effet des deuxièmes réserves mondiales de brut (estimées à plus de 260 milliards de barils), derrière le Venezuela. Et ce, même si le pays a dû fortement réduire ses dépenses publiques depuis l'effondrement des cours du pétrole en 2014. Pour diversifier son économie, trop dépendante de l'or noir, le pays a approuvé en 2016 un vaste plan de réformes, appelé "Vision 2030", dont le tourisme constitue un élément central. Ce plan prévoit également l'introduction en Bourse d'une partie du géant pétrolier Saudi Aramco. Côté chiffre, l'économie, qui s'est stabilisée à 0,9% l'an dernier, devrait croître de 2,2% en 2018, et de 2,4% l'an prochain.
"Je n'aime pas l'idée de mettre fin à un investissement de 110 milliards de dollars aux Etats-Unis"
Autre levier de pression dont dispose le royaume : son emplacement stratégique concernant la religion. Ce pays désertique, qui a vu naître l'islam en 622, abrite en effet les deux principaux lieux saints musulmans, La Mecque et Médine. Chaque année, plus de deux millions de musulmans du monde entier s'y rendent en pèlerinage (hajj). Le pays se pose comme le défenseur du sunnisme, la principale branche de l'islam. La pratique de toute autre religion est officiellement interdite. La minorité chiite (environ 10%) se concentre dans la province orientale du royaume.
Coté diplomatie, l'Arabie saoudite est un allié de longue date des Etats-Unis, qui entretiennent avec ce pays des rapports basés sur la sécurité et le pétrole. Depuis son arrivée au pouvoir, Donald Trump s'est résolument rangé du côté de l'Arabie saoudite. C'est dans ce pays, où il a été reçu avec faste en mai pour son premier déplacement présidentiel à l'étranger, qu'il a appelé à "isoler" l'Iran pour contrecarrer son influence. Preuve que l’affaire Khashoggi embarrasse la Maison Blanche ? Donald Trump l’a reconnu lui-même il y a quelques jours : les Saoudiens "dépensent 110 milliards de dollars en équipements militaires et sur des choses qui créent des emplois (...) dans ce pays. Je n'aime pas l'idée de mettre fin à un investissement de 110 milliards de dollars aux Etats-Unis".
Pour la France, les chiffres sont à l'échelle, mais la problématique est la même : l'Arabie saoudite est le deuxième client de l'industrie d'armement française sur la période 2008-2017, avec 11,1 milliards d'euros. Selon le rapport sur les exportations de matériel militaire français en 2017, publié en juillet, le Proche et le Moyen-Orient ont représenté l'an dernier quelque 60% des commandes sur un total de 6,9 milliards d'euros. Le Koweït est en tête (1,1 md EUR) suivi du Qatar (1,08 md EUR), des Émirats (701 millions) et de l'Arabie saoudite (626 millions). La France a par ailleurs livré pour 1,38 milliard d'euros d'armement à Ryad l'an dernier, sur un total de 6,7 milliards, faisant de l'Arabie Saoudite le deuxième plus gros client de la France dans ce secteur l'an dernier après l'Egypte. En 2017, les exportations commerciales (hors militaire) vers l'Arabie saoudite ont atteint 4,51 milliards d'euros, soit une hausse de 8,8% sur un an, selon les chiffres du Trésor. En 2016 (derniers chiffres disponibles), la France était le 8ème fournisseur de l'Arabie saoudite, derrière les Etats-Unis, la Chine ou l’Allemagne. Selon Emmanuel Macron, ces chiffres illustrent la liberté dont dispose Paris vis à vis de Ryad : "Il est faux de dire que l'Arabie saoudite est un grand client aujourd'hui de la France dans quelque domaine que ce soit, ce n'est pas le cas".
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