PACTOLE - Avec le départ précipité du gouvernement et de l'armée afghane, les talibans ont pris le pouvoir plus rapidement que prévu, mettant la main sur des armes et des véhicules laissés à l'abandon.
Les talibans n'ont pas uniquement pris le contrôle de la capitale, du palais présidentiel et des frontières. En s'arrogeant le pouvoir ce dimanche 15 août, ils se sont aussi emparés d'une multitude d'armes laissées par le gouvernement et l'armée afghane, partis dans la précipitation. Un pactole conséquent. Il s'agit principalement d'armes - et d'outils technologiques - de fabrication américaine.
Les fusils américains remplacent les AK-47 russes
Car les États-Unis ont dépensé des milliards de dollars dans la modernisation et la formation de l'armée afghane. Environ 83 milliards de dollars ont ainsi été utilisés pour le développement et le maintien de l'armée locale, selon Associated Press. Un investissement qui aura finalement profité aux talibans ... En s'emparant des capitales de province à une vitesse surprenante, ils ont aussi retrouvé sur leur passage des bases militaires à l'abandon. À l'intérieur, armes à feu, munitions, véhicules en tout genre, mais aussi des avions de combat, selon l'agence de presse. Un éventail d'équipements militaires modernes tout droit venu des États-Unis. Un responsable américain cité par Asssociated Press a ainsi confirmé ce lundi que la quantité d'équipement désormais dans les mains des insurgés était conséquente.
Signe de ce changement, dans les bras des talibans, le très symbolique AK-47 russe - longtemps resté le fusil d'assaut de choix pour ces combattants – laisse place à des armes américaines. En analysant plusieurs vidéos et des images publiées par les talibans sur les réseaux sociaux, Reuters a pu identifier les armes portées par certains talibans. Visiblement, il s'agit de carabines M4 et de fusils M16 laissés par les unités de l'armée afghane.
Des images embarrassantes pour les autorités américaines, dont les responsables interrogés préfèrent parler sous couvert d'anonymat, tant elle est le symbole d'une mauvaise gestion de cette crise. Et d'une mauvaise estimation de la force des soldats gouvernementaux afghans qui, à l'instar de l'exécutif, ont parfois choisi de rendre les armes. Littéralement. Ceci dit, au-delà de l'aspect symbolique, rien n'indique que cet équipement fasse la différence sur le champ de bataille. Selon les personnes interrogées par l'agence de presse anglaise, ce matériel est surtout un moyen de pression utile pour quiconque cherche à "intimider l'ennemi". Reste que l'image d'armes de fabrication américaine aux mains des talibans est, d'un côté, le symbole de la débâcle américaine, et de l'autre, un fort atout de communication pour les talibans.
Une arme numérique aux mains des talibans
Au-delà des armes devenu outil de propagande, c'est en fait une autre prise qui est particulièrement alarmante. Celle d'une technologie développée par les États-Unis. Le site d'investigation The Intercept révèle ainsi ce mercredi que les Talibans ont mis la main sur un système biométrique de l'armée américaine qui permettrait d'identifier les Afghans qui aidaient les militaires américains. Le dispositif, connu sous le nom de HIIDE (Handheld Interagency Identity Detection Equipment en anglais) a été saisi la semaine dernière lors de l'offensive des talibans, selon quatre sources militaires.
Une arme numérique qui pourrait s'avérer désastreuse pour ces anciens collaborateurs. Cet outil, qui permet de "mesurer le vivant" comme l'indique sa définition littérale, a été initialement développée pour traquer les terroristes et autres insurgés. L'armée américaine l'avait par exemple utilisée afin d'identifier Oussama Ben Laden, en 2011. Mais ils ont également largement utilisé ces appareils - qui permettent d'enregistrer des scans d'iris ou des empreintes digitales, ainsi que des informations personnelles - à des fins d'identification des partenaires locaux. "Nous traitions avec des milliers de locaux par jour. Nous devions les identifier, rechercher s'ils avaient des ceintures d'explosif, des armes, des informations, etc", a ainsi expliqué une source militaire au site d'investigation. Le dispositif était donc utilisé "comme un outil pour aider à l'identification des locaux travaillant pour la coalition." Une collecte d'ampleur. Selon la National Public Radio, l'armée américaine avait comme objectif d'enregistrer les données biométriques de 80% de la population afghane.
Exclusive: The Taliban have seized U.S. military biometrics devices that could aid in the identification of Afghans who assisted coalition forces, current and former military officials have told The Intercept. https://t.co/bHTZfg7ELp — The Intercept (@theintercept) August 18, 2021
Une prise inquiétante, bien qu'on ne sache pas encore dans quelle mesure cette base de données a été compromise. Car comme l'explique un vétéran des opérations spéciales auprès de The Intercept, les talibans ne possèdent probablement pas encore les connaissances techniques et l'équipement adéquats pour traiter ces informations.
Alors comment est-ce-possible que les talibans aient mis la main sur cette bombe numérique ? Comme pour la possibilité d'une avancée éclair des troupes talibanes, l'éventualité que cet outil se retrouve dans les mains de l'ennemi n'a, tout simplement, jamais été évoquée, selon les sources interrogées par le site. Encore le signe d'une certaine improvisation.
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