DÉMILITARISÉ - Le président des États-Unis a confirmé mercredi le retrait de toutes les troupes étrangères d'Afghanistan d'ici le 20e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001.
"L'heure est venue de mettre fin à la plus longue guerre de l'Amérique" : Joe Biden a confirmé mercredi le retrait de toutes les troupes étrangères d'Afghanistan d'ici le 20e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, qui avaient provoqué l'intervention des États-Unis. "L'heure est venue de mettre fin à cette guerre sans fin", a-t-il martelé dans un discours solennel depuis la Maison Blanche.
Soulignant être "le quatrième président américain à gérer la présence militaire américaine en Afghanistan", il a promis de ne pas transmettre "cette responsabilité à un cinquième", en jugeant vain d'attendre "de créer les conditions idéales pour un retrait".
"Ordonné, coordonné et délibéré"
"Les États-Unis vont entamer leur retrait définitif le 1er mai", mais "ne partiront pas de manière précipitée", a poursuivi Joe Biden, dont la décision avait été annoncée la veille après des semaines de consultations. "Les troupes américaines ainsi que les forces déployées par nos alliés de l'Otan" auront "quitté l'Afghanistan avant le 20e anniversaire de ces attentats odieux du 11-Septembre", a-t-il ajouté.
Les pays membres de l'Alliance atlantique ont confirmé dans la foulée qu'ils commenceraient "d'ici le 1er mai" un retrait "ordonné, coordonné et délibéré" des forces de la mission Resolute Support, qui implique en tout 9600 militaires de 36 États.
Joe Biden avait parlé peu avant son discours au téléphone au président afghan Ashraf Ghani, qui a dit "respecter" cette décision. Les forces afghanes "sont pleinement capables de défendre leur peuple et leur pays", a-t-il assuré dans un tweet.
La menace talibane
Malgré les craintes croissantes d'une victoire des talibans et du retour d'un avatar du régime fondamentaliste qu'ils avaient imposé de 1996 à 2001 à Kaboul, Washington a décidé de quitter le pays "sans conditions".
Joe Biden repousse ainsi de moins de cinq mois la date butoir du 1er mai, prévue pour ce retrait total dans l'accord historique conclu en février 2020 par son prédécesseur Donald Trump avec les talibans. "Si l'accord est violé et les forces étrangères ne quittent pas notre pays à la date prévue", "il y aura sûrement des problèmes et ceux qui ne respectent pas l'accord seront tenus pour responsables", a mis en garde mercredi le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid.
La veille, les insurgés avaient prévenu qu'ils refuseraient, "tant que toutes les forces étrangères n'auront pas achevé leur retrait", de participer à la conférence sur la paix en Afghanistan prévue du 24 avril au 4 mai à Istanbul. Cette réunion devait permettre de relancer les négociations de paix directes inédites ouvertes en septembre entre les talibans et le gouvernement de Kaboul, mais l'absence annoncée des rebelles risque de prolonger l'impasse.
La Russie a d'ailleurs dit redouter une "escalade" qui "pourrait saper les efforts" de paix. Certains alliés des États-Unis ont aussi exprimé leurs réserves sur l'annonce américaine qui, selon la Belgique, risque de "diminuer la pression sur les talibans".
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Malgré l'accord américano-taliban de 2020, la violence fait toujours rage entre les insurgés et les forces afghanes. Et le renseignement américain a estimé, dans un rapport paru mardi, que les autorités de Kaboul allaient "peiner à résister" en cas de départ de la coalition internationale.
Joe Biden a mis en garde les talibans contre toute attaque au moment du retrait. "Nous continuerons à soutenir le gouvernement afghan" mais "nous n'allons pas rester engagés militairement en Afghanistan", a-t-il déclaré, appelant les autres acteurs régionaux, mais surtout le Pakistan, parrain historique des talibans, à faire "davantage" pour soutenir le pays voisin.
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