Samedi, les autorités talibanes ont interdit le travail des femmes dans les ONG nationales et internationales.Une décision condamnée par l'Europe et les États-Unis.Ce dimanche, trois ONG étrangères ont annoncé suspendre leurs activités dans le pays.
Cette décision marque un nouveau recul des droits des femmes en Afghanistan. Samedi 24 décembre, les autorités talibanes ont ordonné à toutes les ONG nationales et internationales de ne plus travailler avec des femmes sous prétexte d'avoir reçu des "plaintes sérieuses" concernant le code vestimentaire imposé par les talibans. En cas de négligence de cette directive, "la licence de l'organisation" pourrait être "annulée". Une nouvelle mesure liberticide pour les femmes, quatre jours seulement après l'interdiction de suivre des cours dans les universités publiques et privées.
Les ONG se concertent
"Il y a eu des plaintes sérieuses concernant le non-respect du hijab islamique et d'autres règles et règlements relatifs au travail des femmes" s'est justifié le ministère de l'Économie, chargé d'approuver les licences des ONG. "Nous n'avons jamais été prévenus de problème concernant le code vestimentaire des femmes", a rétorqué le lendemain une responsable d'associations sous anonymat. Mais cet argument est similaire à celui avancé en début de semaine par le ministre de l'Enseignement supérieur pour justifier l'interdiction pour les femmes de se rendre à l'université.
Une énième atteinte aux droits des femmes condamnée par l'Europe et les États-Unis. Quelques heures après cette annonce, le porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a affirmé dans un communiqué que "l'Union européenne condamne fermement la décision récente des talibans d'interdire aux femmes de travailler dans les ONG nationales et internationales". D'autant plus que l'UE est un contributeur majeur au financement de ces ONG, même si elle n'a pas reconnu le régime taliban comme gouvernement officiel du pays. "Nos principales inquiétudes restent le bien-être, les droits et les libertés du peuple d'Afghanistan", a assuré Nabila Massrali, porte-parole de Josep Borrell. Auprès de l'AFP, elle a fustigé "une nouvelle restriction sévère de la capacité des femmes afghanes à exercer leurs droits humains et leurs libertés fondamentales, et une violation claire des principes humanitaires".
Dans son communiqué, la diplomatie européenne a également indiqué être en train d'évaluer "la situation et l'impact qu'elle aura sur notre aide sur le terrain". Idem du côté américain. Le secrétaire d'État a mis en garde contre les conséquences "dévastatrices" pour l'Afghanistan de ce nouvel interdit. "Je suis très inquiet par l'interdit des Talibans pour les femmes de distribuer de l'aide humanitaire vitale pour des millions de personnes en Afghanistan", a tweeté Antony Blinken.
S'il n'est pas clair pour l'heure si la directive des talibans concerne aussi les femmes étrangères travaillant dans des ONG, deux d'entre elles ont en tout cas confirmé à l'AFP avoir reçu le courrier officiel les en informant. Suite à cette décision, trois organisations étrangères ont d'ailleurs annoncé, dimanche, qu'elles suspendaient leurs activités en Afghanistan. "En attendant que cette annonce soit clarifiée, nous suspendons nos programmes, en exigeant que les hommes et les femmes puissent poursuivre de la même manière notre aide pour sauver des vies en Afghanistan", ont déclaré dans ce communiqué les organisations Save the Children, le Conseil norvégien pour les réfugiés et CARE International. Une décision forte à l'heure où des millions d'Afghans dépendent de l'aide humanitaire.
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