RÉSISTANCE - Territoire libre au nord du pays, la vallée du Panchir se prépare à une attaque menée par des "centaines" d’insurgés islamistes. Le fils du commandant Massoud ainsi que l’ancien vice-président tentent de former là-bas une poche de résistance.
Bastion historique de la résistance depuis les années 80, la vallée du Panchir est aujourd’hui encore la seule zone non occupée en Afghanistan, après la reprise du pouvoir des talibans dimanche 15 août. Mais cela pourrait ne pas durer. Dimanche 22 août, les talibans ont annoncé lancer une offensive d’envergure contre le territoire qui leur résiste encore, par le biais de leur compte Twitter : "Des centaines de moudjahidines de l’Émirat islamique se dirigent vers l’État du Panchir pour le contrôler, après que des responsables locaux ont refusé de le remettre de façon pacifique".
En effet, un mouvement d’opposition tente d’émerger dans cette vallée au nord de Kaboul sous le nom de Front national de résistance (FNR) et la direction de plusieurs figures : Ahmad Massoud, fils du légendaire commandant Massoud, héros de la résistance contre les Soviétiques puis les talibans et assassiné par Al-Qaïda en 2001, et accompagné de l’ancien vice-président Amrullah Saleh, qui a fui vers le Panchir après la défaite autoproclamée du chef d’État Ashraf Ghani.
Des milliers de recrues afghanes
Il parait encore difficile d’estimer l’ampleur de ce mouvement naissant. Selon Ali Maisam Nazary, un porte-parole du FNR, des milliers d’Afghans ont déjà rejoint la vallée du Panchir pour combattre le nouveau régime aux côtés des troupes d’Ahmad Massoud et se préparent à "un conflit de longue durée" avec les talibans. Parmi eux, figurent des "intellectuels, des femmes et des défenseurs des droits humains".
Auprès de l'agence Reuters, Ahmad Massoud s'est dit prêt ce dimanche à engager des pourparlers avec les insurgés. "Nous voulons faire comprendre aux talibans que la seule voie à suivre est la négociation. (...) Nous ne voulons pas qu'une guerre éclate". Tout en assurant qu'il n'abdiquerait pas. "Nous sommes prêts à défendre l’Afghanistan et nous mettons en garde contre un bain de sang", a-t-il poursuivi sur la chaine Al-Arabiya, se voyant déjà comme le fidèle héritier de son père. Si les talibans n’ont pas rencontré de vive résistance en s’emparant de la capitale et de la plupart des villes provinciales, ils devraient s’opposer à un refus de céder le territoire. "Nous, Afghans, n’avons même pas vraiment perdu de bataille, puisque Kaboul ne s’est pas battue", a d’ailleurs écrit Ahmad Massoud dans un texte paru dans le magazine de Bernard-Henri Lévy, La Règle du Jeu.
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Mais la communauté internationale aurait pu être un soutien de taille pour ces résistants de la première heure. Dans les colonnes du Washington Post, Ahmad Massoud a demandé le 18 août à ce que les États-Unis approvisionnent sa milice en armes et munitions. Bénéficiant de nouvelles recrues, le Panchir a également besoin d’aide humanitaire, a souligné le porte-parole du FNR, et son sort est plus qu'incertain à la lueur de ces affrontements avec les talibans.