Les talibans dévoilent les premiers membres d'un gouvernement tout sauf "inclusif"

CQ
Publié le 8 septembre 2021 à 11h10
Baradar et Mike Pompeo, chef de la diplomatie américaine, à Doha en décembre 2020.

Baradar et Mike Pompeo, chef de la diplomatie américaine, à Doha en décembre 2020.

Source : Patrick Semansky / POOL / AFP

KABOUL - Plusieurs des ministres talibans figurent sur des listes de sanctions de l'ONU et Sirajuddin Haqqani, nouveau ministre de l'Intérieur, est historiquement proche d'Al-Qaïda. Aucune femme n'a été nommée.

Ils avaient promis un gouvernement "inclusif", mais la première copie parait bien loin des annonces. Mardi 7 septembre, les talibans ont annoncé avoir choisi les premiers ministres chargés de diriger l'Afghanistan, qu'ils ont repris en quelques semaines sans beaucoup de résistance après vingt ans de déshérence. Plusieurs des membres du gouvernement, certains étant déjà très influents dans le régime taliban des années 1990, figurent sur des listes de sanctions de l'ONU.

À la tête de ce gouvernement, constitué uniquement d'islamistes et majoritairement de membres de l'ethnie pachtoune, on retrouve Mohammad Hassan Akhund. Celui-ci fut un collaborateur et conseiller politique du mollah Omar, le fondateur du mouvement taliban, décédé en 2013, et figurait déjà dans le précédent gouvernement taliban, en place de 1996 à 2001, où il était en charge des Affaires étrangères. D'après Bill Roggio, rédacteur en chef du site américain Long War Journal (LWJ), Mohammad Hassan Akhund est d'ailleurs l'un de ceux ayant approuvé la destruction des bouddhas géants de Bamiyan, célèbres statues du VIe siècle sculptées dans des falaises que les islamistes ont dynamitées en 2001.

À ses côtés, le co-fondateur du mouvement, Abdul Ghani Baradar, a été nommé vice-Premier ministre. Capturé en 2010 au Pakistan par des agents pakistanais et américains, il fut libéré huit ans plus tard sous la pression de Washington, aux prémices des pourparlers de paix entre les talibans et le gouvernement américain. En effet, il fut le principal instigateur des discussions menées à Doha, qui ont abouti en février 2020 à l'accord prévoyant le retrait des Américains du pays. 

Au ministère de l'Intérieur, un terroriste, selon Washington

À l'Intérieur, on retrouve Sirajuddin Haqqani, historiquement proche du mouvement Al-Qaïda et fils de Jalaluddin Haqqani, ancien ministre sous le régime taliban. Ce chef militaire, qui s'est rallié aux talibans en 1995, est à la tête de l'influent réseau Haqqani, responsable de plusieurs attaques sanglantes contre l'armée afghane et considéré comme une organisation terroriste étrangère par Washington depuis 2012. Sirajuddin Haqqani figure d'ailleurs lui-même sur la liste du FBI parmi les personnes les plus recherchées, sa tête ayant été mise à prix pour 10 millions de dollars par les services de renseignement américains.

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Si les insurgés islamistes ont indiqué que leur gouvernement n'était "pas complet" et qu'il devrait intégrer "des gens venant d'autres régions du pays", la communauté internationale reste suspendue aux prochains actes des nouveaux maitres de Kaboul. S'étant retirés du pays le 30 août dernier, les États-Unis ont relevé l'absence de femmes et se sont dits "préoccupés" par "les affiliations et les antécédents de certains de ces individus". Mardi, le chef suprême des talibans Hibatullah Akhundzada a d'ores et déjà demandé au nouveau gouvernement de faire respecter "les règles islamiques et la charia dans le pays".


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