PROFILS - A la veille des derniers vols d'évacuation, des centaines d'Afghans, dont la vie est désormais menacée par les talibans, sont encore bloqués à Kaboul, nous explique l'avocate Camille Escuillié.
Pour les milliers d'Afghans qui tentaient de fuir leur pays par la voie des airs, les chances de pouvoir embarquer à bord d'un avion sont désormais infimes. Alors que seuls les États-Unis maintiennent encore leur pont aérien ce lundi pour les dernières évacuations avant le retrait de leurs troupes, prévu mardi, les tirs de roquette en direction de l'aéroport de Kaboul signalés dans la matinée accroissent encore un peu plus la tension autour de cette opération.
Depuis le 14 août, 114.000 étrangers et Afghans ont pu fuir le pays grâce aux ponts aériens mis en place par de nombreux pays. Des centaines de candidats au départ restent encore néanmoins bloqués à Kaboul. Parmi eux, nous indique Camille Escuillié, avocate en droit des étrangers et droit d'asile en charge de la défense de certains Afghans, de nombreuses personnes ayant prêté main forte aux troupes françaises, jusqu'à leur retrait fin 2012.
Quels sont les profils des Afghans encore coincés en Afghanistan ?
Je ne peux pas vous donner trop de détails, au risque de permettre leur identification par les Talibans et de les mettre en danger, mais les Afghans qui sont bloqués à Kaboul ont tous travaillé dans l’armée. Ils étaient interprètes, cuisiniers, plongeurs, mécaniciens… Ils sont encore des dizaines à être coincés. Avec leurs familles, qu'il est aussi nécessaire d'évacuer, cela représente des centaines de personnes.
Les premiers à avoir été évacués ont été les anciens combattants. Ils ont progressivement pu quitter l'Afghanistan après le retrait des troupes françaises. C'est par exemple le cas du frère de l'un de mes clients, qui a obtenu un titre de séjour d'ancien combattant et qui est installé en France depuis 2016.
Ces dernières semaines, la France a accueilli tout le personnel des ambassades et des structures administratives françaises comme l’Institut français, le lycée français, etc. Les personnes qui étaient en seconde ou troisième ligne, elles, sont encore nombreuses à vouloir quitter l'Afghanistan. Elles alertent souvent depuis des mois, voire des années la France en disant craindre pour leur vie. Car si les Talibans ont repris le pouvoir ces jours-ci, ils ont toujours été là.
Que risquent les Afghans qui ne pourront pas partir ?
Ces personnes-là savent que quand elles seront identifiées par les Talibans - parce que ces derniers ont des listes et ont bien regardé les personnes qui se rendaient à l’aéroport - ça sera très compliqué. Elles seront menacées, enlevées et tuées, tout comme les membres de leur famille. Des jeunes filles peuvent également être kidnappées pour être mariées de force. Les Talibans ont une réelle aversion envers les personnes qui ont collaboré avec une armée étrangère quelle qu’elle soit et avec l'ancien gouvernement afghan.
Quels espoirs reste-t-il à ces candidats à l'exil ?
Nous, les avocats, continueront à les défendre, c'est certain. Nous ferons tout pour les sortir de là. J'espère que la communauté internationale aura la volonté et le courage politique de les aider.
Il ne leur restera autrement que les routes d’exil, qui sont extrêmement dangereuses. L'Iran et la Turquie refoulent les migrants à leurs frontières, tandis qu'entrer au Pakistan est très compliqué. Et l’Afghanistan étant un pays enclavé, les options ne sont pas nombreuses. Ceux qui tenteront de quitter l'Afghanistan après le départ des Occidentaux le feront bien souvent au péril de leur vie.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info