DIPLOMATIE - Le principal opposant à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, a été condamné mardi à une peine de prison quelques jours après son retour à Moscou. Une sentence qui fait suite à un empoisonnement dont il accuse le président russe d'être le commanditaire.
Son supplice a débuté mercredi 20 août. Alors qu’il se trouve à l’aéroport de Tomsk, en Sibérie, Alexeï Navalny est photographié en train de boire un thé. Quelques minutes plus tard, il embarque dans un avion pour se rendre à Moscou. Puis tout bascule pour le militant. Sur des images partagées sur les réseaux sociaux, on peut l’entendre gémir de douleur à bord de l’avion puis être pris d'un malaise.
Face à l’urgence de la situation et à la dégradation de son état de santé, l’appareil atterrit d'urgence en Sibérie. Pour sa porte-parole, Kira Yarmysh, il n’y a pas de doute : "Alexeï a été empoisonné, intoxiqué." Elle affirme que l’opposant au gouvernement russe n’a rien avalé d’autre de la matinée, à part cette fameuse tasse de thé à l’aéroport. Dès l’atterrissage, Alexeï Navalny est pris en charge par une ambulance et emmené à Omsk, en Sibérie occidentale, pour être hospitalisé.
Hospitalisation en Sibérie
À son arrivée à l’hôpital, il est admis en réanimation et les médecins font tout pour lui "sauver la vie", affirme le vice-directeur de l’hôpital d’Omsk. Mais l’état de Navalny se dégrade très vite. Il est alors plongé dans un coma naturel et relié à un respirateur artificiel. Le lendemain, les médecins affirment ne pas avoir trouvé de traces de poison. "À ce jour, aucun poison n'a été identifié dans le sang et l'urine", "nous ne croyons pas qu'il ait souffert d'un empoisonnement". Pour l’hôpital d’Omsk, Alexeï Navalny souffrirait d’un "déséquilibre glucidique, c'est-à-dire un trouble métabolique" qui a pu être causé par "une forte baisse du niveau de glycémie", qui mesure le taux de sucre dans le sang.
Intervention de la communauté internationale
Ce n’est pas la première fois que des attaques à l’encontre d’Alexeï Navalny sont perpétrées. Et malgré les annonces des médecins russes, les doutes sur l’origine de son malaise commencent à inquiéter la communauté internationale qui ne perd pas de temps pour réagir. Quelques heures après l’annonce de son hospitalisation, une ONG allemande de défense des droits de l’homme va demander à faire hospitaliser Navalny en Allemagne. De son côté, Emmanuel Macron assure que "toute aide médicale" en France ou en Allemagne pourra être procurée à l’opposant russe, "mais il faut bien sûr que la demande en soit faite".
Le 22 août, un avion-ambulance quitte alors l’Allemagne pour rapatrier Alexeï Navalny. Mais une fois sur place, tout est remis en question. "Le médecin-en-chef a annoncé que Navalny n'est pas transportable. Son état est instable", annonce sur Twitter la porte-parole d’Alexeï Navalny. Tout en assurant qu’il serait "mortellement dangereux de le laisser à l'hôpital non équipé à Omsk".
Pour les opposants du président russe, la décision des médecins n’a rien à voir avec l’état de santé de l’homme de 44 ans, mais est une "décision politique". Pour venir en aide à son mari, Ioulia Navalnaïa écrit alors une lettre à Vladimir Poutine pour "demander d'autoriser le transfert d'Alexeï Navalny vers l'Allemagne". Ses proches saisissent aussi la Cour européenne des droits de l'homme. Cette dernière va demander à Moscou d'autoriser les visites de la famille de Navalny et de ses médecins pour s'assurer que son état de santé permet son transfert médicalisé en Allemagne.
Arrivée en Allemagne
Les médecins allemands venus avec l’avion médicalisé sont enfin autorisés à voir Alexeï Navalny. Et leur constat est sans appel : "Nous sommes très loin d'avoir résolu la situation (…) aucune donnée fiable, aucune donnée indépendante ne nous est accessible et notre demande reste la même : nous devons le transférer dans un endroit, à Berlin, pour qu'il puisse faire l'objet d'une analyse indépendante de ce qui lui arrive."
Après un bras de fer de plusieurs heures entre la communauté internationale et la Russie, l’hôpital où a été admis Navalny donne enfin son autorisation pour son évacuation, assurant que son état est "stable". Samedi, l’opposant russe, toujours dans le coma, s’envole alors pour l’Allemagne dans l’avion médicalisé affrété par l’ONG allemande. Une fois arrivée à Berlin, l’organisation assure à son tour que "l'état d'Alexeï Navalny est stable".
Des "traces d'empoisonnement"
Début septembre, les premiers résultats de l’hôpital berlinois de la Charité contredisent ceux de l’hôpital d’Omsk. Les médecins affirment que des "traces d'empoisonnement", ont été trouvées chez Alexeï Navalny. L'issue de la maladie reste incertaine et des séquelles à long terme, "en particulier dans le domaine du système nerveux, ne peuvent être exclues à ce stade", estime l'établissement berlinois.
L'Union européenne ne compte pas en rester là et condamne "fermement ce qui semble une atteinte à la vie de M. Navalny". Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, appelle la Russie à ouvrir une "enquête indépendante et transparente sur l'empoisonnement". L’Allemagne elle aussi demande au gouvernement russe de "résoudre cette affaire jusque dans les moindres détails et en pleine transparence" et à ce que les responsables "soient traduits en justice". Même son de cloche du côté de Paris, qui, par la voix du Quai d'Orsay, dénonce un "acte criminel", réclamant aux autorités russes une "enquête rapide et transparente". Les États-Unis ont, eux, exigé une "enquête immédiate, complète et transparente".
Sortie du coma artificiel
Le 7 septembre, Alexeï Navalny sort du coma artificiel. Les jours d'après, la thèse de l'empoisonnement se confirme : tandis que Washington affirme que celui-ci a été orchestré par "de hauts responsables" russes, des laboratoires français et suédois confirment un empoisonnement par un agent de type Novitchok. Le 21 septembre, Alexeï Navalny lui-même affirme que du Novitchok a été retrouvé dans son organisme et sur son corps. Le blogueur russe sort de l'hôpital le lendemain. Poutine lui assure alors qu'il est "libre" de rentrer dans son pays, ce qu'il finit par faire quelques mois plus tard, non sans avoir accusé le pouvoir de tentative d'assassinat.
Retour en Russie...
Le 17 janvier 2021, Alexeï Navalny foule le territoire russe malgré la menace d'un renvoi en prison pour une condamnation prononcée avec sursis en 2014. Il est alors interpellé dès son arrivée à l'aéroport Cheremetievo de Moscou. Les services pénitentiaires, qui lui reprochent d'avoir violé les conditions de son sursis, indiquent qu'il "restera en détention jusqu'à la décision du tribunal". Un tribunal russe ordonne le placement en détention jusqu'au 15 février d'Alexeï Navalny, qui, après avoir dénoncé une "parodie de justice", appelle les Russes à "descendre dans la rue" contre le pouvoir.
...et condamnation à de la prison ferme
Dès le 23 janvier, des milliers de manifestants bravent l'interdiction du pouvoir de défiler dans les rues de la capitale en soutien à Navalny. Des manifestations répétées, qui occasionnent des arrestations en cascades. Plusieurs de ses proches sont d'ailleurs placés en détention, dont son frère, Oleg Navalny, et la figure montante du mouvement et importante alliée Lioubov Sobol. Dimanche 31 janvier, plus de 2000 personnes ont été interpellées dans toute la Russie, dont au moins 500 à Moscou. Mardi 2 février, un tribunal de Moscou ordonne l'emprisonnement de l'opposant russe pour plus de deux ans, révoquant le sursis d'une précédente condamnation. Ses partisans ont appelé à une manifestation immédiate près de la place Rouge, barricadée. Washington, Berlin et Londres ont d'ores et déjà réclamé sa libération immédiate.
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