La justice allemande a déjoué des projets d'attentat d'un groupuscule d'extrême droite et complotiste.Cette cellule projetait de s'en prendre aux institutions démocratiques du pays, et notamment au Parlement.25 personnes ont été arrêtées, dont un descendant de la noblesse locale, lors d'un vaste coup de filet dans tout le pays.
Des investigations qui lèvent le voile sur "l'abîme d'une menace terroriste", selon la ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser. La justice outre-Rhin a annoncé, ce mercredi 7 décembre, avoir déjoué des projets d'attentats d'un groupuscule d'extrême droite et complotiste, qui voulait s'en prendre aux institutions démocratiques du pays, et notamment au Parlement. Au cœur de cette conspiration criminelle, selon la presse et le parquet : un descendant de la noblesse allemande, d'anciens militaires, une ressortissante russe et une ancienne députée d'extrême droite.
Cette cellule, nourrie à l'idéologie des "Reichsbürger" ("Citoyens du Reich", ndlr), une mouvance extrémiste qui a pris de l'ampleur avec les restrictions sanitaires, s'était construite avec une organisation quasi gouvernementale, en vue d'un coup d'État. Ce réseau ambitionne de restaurer par la force l’empire allemand dans ses frontières de 1871...
Ils comptent parmi les 25 personnes arrêtées lors d'un vaste coup de filet dans tout le pays. La justice les soupçonne "d'avoir fait des préparatifs concrets pour pénétrer violemment dans le Bundestag allemand", la chambre des députés à Berlin, "avec un petit groupe armé", selon un communiqué du parquet. Quelque 3000 membres des forces de l'ordre ont été mobilisés et plus de 130 perquisitions ont été menées dans ce que les médias ont décrit comme la plus importante opération policière de ce type jamais menée en Allemagne.
Au coeur du projet : un prince, un homme d'affaire, une ressortissante russe
Fondé "au plus tard fin 2021", le groupuscule avait pour objectif de "venir à bout de l'ordre étatique existant en Allemagne et de le remplacer (...)", selon le communiqué du parquet de Karlsruhe, en charge des affaires concernant la sécurité de l'État. Ses membres sont "unis par un profond rejet des institutions de l'État et de l'ordre fondamental libéral et démocratique", et bien décidés à "participer à son élimination", décryptent les procureurs.
Les meneurs présumés identifiés par la justice sont "Henri XIII P. R." et "Rüdiger v. P.". Le premier, descendant d'une lignée de souverains de l'État régional de Thuringe (est), est un entrepreneur septuagénaire. Arrêté à Francfort, le prince Heinrich XIII de Reuss possédait également un château près de Bad Lobenstein (centre), qui a été perquisitionné. Le second est un ex-lieutenant colonel, qui avait dû quitter l'armée allemande à la fin des années 1990 après avoir enfreint la loi sur les armes.
Une Russe, nommée "Vitalia B.", est, elle, identifiée comme la compagne de Henri XIII. Elle a, selon les procureurs, servi d'intermédiaire pour tenter de prendre contact avec les autorités russes en vue d'un éventuel soutien. Un lien démenti par l'ambassade russe à Berlin. Enfin, une certaine "Birgit M.-W." a été arrêtée. Il s'agirait, d'après la presse allemande, de Birgit Malsack-Winkemann, juge et ancienne députée du parti d'extrême droite AFD qui siégeait au Bundestag entre 2017 et 2021.
Les autorités allemandes ont classé ces dernières années la violence d'extrême droite au premier rang des menaces à l'ordre public, avant le risque djihadiste. Au printemps, elles avaient démantelé un autre groupuscule d'extrême droite soupçonné d'avoir projeté des attentats et l'enlèvement du ministre de la Santé, à l'origine des mesures de restriction anti-Covid.