Allemagne : pourquoi Merkel veut désormais interdire le voile intégral

Publié le 8 décembre 2016 à 17h35
Allemagne : pourquoi Merkel veut désormais interdire le voile intégral
Source : AFP

FERMETÉ - Face à la montée du populisme dans son pays, la chancelière aborde sa campagne pour les législatives en position de faiblesse. Pour rassurer son mouvement, elle a affirmé son opposition à tout nouvel afflux de migrants et proclamé son soutien à une interdiction partielle du port du voile intégral.

Angela Merkel tourne la page de sa politique d’accueil en faveur des migrants. Un an avant les législatives allemandes, la chancelière – fraîchement réélue à la tête de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) – s'est lancée dans la bataille. Face à elle : la droite populiste, avec laquelle la "femme la plus puissante du monde" semble prête à faire des concessions.

Pour preuve, le ton martial qu'elle a adopté, du jamais-vu depuis la vague migratoire qui a tapé aux portes de l'Europe l'an passé. "Une situation comme celle de l'été 2015 ne peut et ne doit pas se répéter", a lâché celle qui avait ouvert les portes de son pays à près de 900.000 demandeurs d'asile. La chancelière a proposé d'interdire le voile intégral "là où c'est juridiquement possible", sans oublier de rappeler le fait que "le droit allemand prévaut sur la charia" (la loi coranique). La CDU devrait également se prononcer sur un durcissement en matière d'expulsions des demandeurs d'asile déboutés, avec notamment un allongement de la durée de séjour en centre de rétention.

"Forte polarisation de notre société"

Des propositions fermes mais nécessaires, selon Angela Merkel, pour éviter la montée du populisme. Elle veut d'ailleurs éviter "les solutions simples" proposées par les droites populistes et extrêmes, à l'instar des succès de Donald Trump et du Brexit. Mais surtout celles véhiculées dans son propre pays : "Le monde n'est pas noir et blanc", a souligné la chancelière, sans évoquer directement l'ascension rapide et inédite de la droite populiste Alternative pour Allemagne (AfD), créditée de 12 à 13% des intentions de vote pour les prochaines législatives. "Nous devons rester sceptiques à l'égard des réponses simples" car elles ont "rarement fait avancer notre pays", a martelé Angela Merkel.

L'AfD prospère sur les inquiétudes d'une frange de la population, en particulier en ex-RDA, qui se sent déclassée socialement et rejette les élites. Ce parti a en particulier adopté un discours anti-islam et anti-migrants virulent, qui a fait ses "preuves" lors des précédents scrutins : trois ans après sa création, l’AfD est représentée dans 9 des 16 Länder de l’Allemagne.

Dans ce contexte, la chancelière a prévenu une nouvelle fois que la campagne qui s'annonce serait la plus difficile depuis la réunification en 1990. "Ce ne sera pas une partie de plaisir!", a-t-elle souligné, relevant "la forte polarisation de notre société". Elle s'est fixée pour objectif "d'intégrer" au moins une partie de l'électorat de la droite populiste et a pointé du doigt le danger que représenterait une alliance regroupant les sociaux-démocrates, les Verts et la gauche radicale die Linke.

VIDÉO - Angela Merkel remerciée à un meeting par un jeune réfugié afghanSource : Sujet JT LCI
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Thomas GUIEN

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