Un groupuscule a été démantelé mercredi en Allemagne, où il planifiait de renverser les institutions démocratiques.Parmi ses membres : le prince Reuss Henri XIII, une figure de l'aristocratie qui aurait notamment convié des sympathisants dans son château.
Du château familial à la garde à vue, menottes aux poignets. Deux jours après le vaste coup de filet qui a permis de démanteler un complot contre l'État allemand, le pays a découvert l'existence de Reus Henri XIII. Un prince méconnu du grand public, héritier d'une grande famille du pays et qui, en coulisses, œuvrait au retour de la monarchie.
S'il a été arrêté à sa résidence de Francfort, une perquisition a aussi eu lieu dans son château à Bad Lobenstein, dans la région de Thuringe (est). C'est dans cette grande demeure que le prince âgé de 71 ans aurait invité des sympathisants pour ourdir un coup d'État contre la République fédérale dont le point d'orgue devait être la prise par les armes du Parlement. Selon la presse locale MDR, il aurait joué un rôle important dans les préparatifs, étant en charge de la collecte des fonds pour mener à bien leur plan.
"Un vieil homme fou, hélas"
Du prince, très peu d'informations ont circulé dans la presse allemande. Selon le Berliner Zeitung, on sait qu'il aurait été marié à une Iranienne avec qui il aurait eu deux enfants. Son fils, né en 1991, s'appellerait Henri XXVIII. Ses idées, elles, sont connues, notamment grâce à un discours prononcé en 2019 à Zurich lors d'un forum d'acteurs du monde numérique. Il accuse pêle-mêle "l'industrie financière juive" d'avoir détruit la monarchie, des "francs-maçons étrangers" d'avoir provoqué la Première Guerre mondiale, dénie toute légitimité à la République fédérale allemande, une "structure administrative des Alliés", qui ont aussi écrit la constitution.
Si l'homme est fier de son sang bleu et ne cesse de réclamer réparation pour sa famille "spoliée", ses proches ont depuis longtemps pris leurs distances. Le prince Henri XIV, qui se présente comme le chef de la fratrie aristocratique de quelque 60 membres, a pris la parole jeudi pour critiquer celui qu'il considère comme "le mouton noir de la famille", le présentant comme "un vieil homme fou, hélas" qui n'appartient plus au conseil familial depuis 14 ans déjà.
"Nous sommes une grande famille avec une grande histoire, nous avons régné pendant 850 ans dans la région" de Thuringe, assure le prince Henri XIV, regrettant que les égarements de son parent ternissent la "réputation" de tout le clan.
Vingt-cinq personnes en tout ont été interpellées lors du coup de filet au cœur d'une cellule radicale nourrie à l'idéologie des "Reichsbürger", les "Citoyens du Reich", une mouvance extrémiste qui a pris de l'ampleur avec les restrictions sanitaires. L'enquête porte sur 54 personnes au total et de nouvelles interpellations ne sont pas exclues, selon les autorités.