COLÈRE - Un millier d’Allemands était rassemblé jeudi soir à Chemnitz. Dans cette ville à l’est du pays, les chasses à l’homme du week-end dernier ont laissé place à des manifestations décomplexées.
L’extrême droite allemande toujours dans la rue. A Chemnitz, plusieurs centaines de manifestants étaient mobilisés ce jeudi 30 août, contre la politique migratoire de la chancelière d'Angela Merkel. Des rassemblements consécutifs au meurtre d'un Allemand à coups de couteau, dans la nuit du 25 au 26 août, pour lequel la police soupçonne deux jeunes : un Irakien et un Syrien.
"Ordre et sécurité"
Chemnitz est devenue l’épicentre de la contestation contre l’accueil de réfugiés en Allemagne. Dans cette région de la Saxe, à l’ouest du pays, le parti anti-migrant Alternative pour l'Allemagne (AfD) est le premier parti avec 27% des voix. Ces partisans accusent la chancelière Angela Merkel d'être responsable des violences car elle a ouvert les portes du pays à plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015 et 2016, provenant principalement de Syrie et d'Irak.
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Mais contrairement aux dernières manifestations, qui ont eues lieu dimanche et lundi, celle-ci s’est déroulée sans incident. Quoi qu'il en soit, les "chasses collectives" contre les étrangers de ce week-end et ces mouvements plus contenus révèlent que l’extrême droite est dorénavant visible et décomplexée en Allemagne. Ainsi, lors de la manifestation, les slogans scandés étaient radicaux et xénophobes. Repris sur plusieurs pancartes et banderoles, on pouvait y lire : "les étrangers dehors", "ordre et sécurité" ou encore "le peuple se lève".
Bastion historique de l’extrême droite
Ces événements surprennent dans cette ville où les étrangers ne représentent que 4,4% d'une population de 4,1 millions d'habitants, contre 15% dans certains Länder de l'ouest par exemple. Ces tensions ravivent chez ses habitants et dans le reste de la population allemande, des souvenirs très douloureux.
C'est ce qu'explique le vice-président du Comité international d'Auschwitz, Christoph Heubner. Il a témoigné des inquiétudes des survivants d'Auschwitz qui "perçoivent les événements de Chemnitz de manière dramatique, ils sont de plus en plus inquiets face aux tentatives de groupuscules d'extrême droite de prendre le contrôle de la rue", a-t-il dit dans un communiqué cité par l’AFP.
Thank you @siddkhastgir for sharing. #Auschwitz is a warning of what may happen as a result of human prejudices, xenophobia, racism or antisemitism. It shows the danger of turning hatred into official state policy. We need to study this history to build better future. https://t.co/lUJ8JkDYIt — Auschwitz Memorial (@AuschwitzMuseum) 28 août 2018
Mais cette zone est un bastion des mouvances d'extrême droite depuis longtemps. Lors de la réunification allemande, la région de Saxe, dans l’ancienne RDA (République Démocratique Allemande), était déjà le bastion des franges les plus radicales de l'extrême droite nationale. Ainsi, l'histoire paraît se répéter dans ce Land de l’est où, en 1991, des hooligans s'en étaient pris à un foyer de demandeurs d'asile, les terrorisant sous les applaudissements des voisins. Près de 200 étrangers avaient alors quitté la ville sous escorte policière. Raison pour laquelle le journal allemand Tagesspiegel dresse la longue liste des violences à caractères racistes survenues depuis la réunification, en s’interrogeant : "N'ont-ils donc rien appris en Saxe ?"