Andalousie : Ciudadanos, le parti qui soutient Manuel Valls à Barcelone, s'associe à l'extrême droite

Publié le 10 janvier 2019 à 15h31
Andalousie : Ciudadanos, le parti qui soutient Manuel Valls à Barcelone, s'associe à l'extrême droite
Source : LLUIS GENE / AFP

ESPAGNE - Le parti libéral Ciudadanos va gouverner pour la première fois une région d'Espagne, l'Andalousie, avec l'appui de l'extrême droite. Un rapprochement qui embarrasse Manuel Valls, lequel fait campagne en Catalogne avec leur soutien.

Abandonner le pouvoir plutôt que de pactiser avec l'extrême-droite. Voici la ligne de conduite, similaire à la distance qu'il mettait avec le Front national lorsqu'il était en France, que s'est fixé Manuel Valls en Catalogne, où il brigue depuis plusieurs semaines la municipalité aux élections de mai prochain. Mais un problème de taille arrive : Ciudadanos, le parti de la droite libérale, dont il partage les vues économiques et anti-indépendantistes et qui lui a apporté son soutien, a conclu en Andalousie ce mercredi un accord de soutien de la part de Vox, le parti d'extrême droite qui a actuellement le vent en poupe.

"Nous sommes très satisfaits (...) Aujourd'hui, les lois liberticides, l'immigration illégale, la corruption ont perdu" et "le pré carré de la gauche en Andalousie est enfin terminé", s'est mercredi soir réjoui Javier Ortega Smith. Le secrétaire général de Vox a des raisons de savourer : le Parti socialiste du chef du gouvernement Pedro Sanchez dirigeait l'Andalousie depuis 36 ans. Sa chute a eu lieu le 2 décembre quand Vox, créé en 2013, avait provoqué un séisme lors des élections régionales en devenant le premier parti d'extrême droite à entrer dans un parlement régional depuis le rétablissement de la démocratie à la mort du dictateur Francisco Franco en 1975.

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Un rapprochement difficile à gérer

Une percée électorale qui avait fait réagir Manuel Valls. Déjà, le 5 décembre, dans une interview à El Pais, il estimait que  "toute coalition est légitime sauf avec des forces qui violent la Constitution" et qu’"il ne peut y avoir d’accord avec Vox". Puis, le 27 décembre, le candidat à la mairie de Barcelone avait associé le parti au reste de l'extrême-droite européenne, affirmant que tout accord avec Vox serait une "erreur politique" et une "incohérence morale". Et d'ajouter ce commentaire lourd de sens : "Le programme gouvernemental conclu en Andalousie porte la marque progressiste de Ciudadanos et ne constitue pas une menace contre l’autonomie, il n’a rien à voir avec les propositions de Vox". 

Le rapprochement entre Vox et Ciudadanos est compliqué à gérer pour l'ancien premier ministre français. Ce dernier est en effet soutenu par la formation libérale, fermement opposée à l'indépendance de la Catalogne. Difficile, donc, de critiquer les choix en Andalousie de son soutien en Catalogne.

Face aux critiques, Ciudadanos a entrepris un exercice de justification, Albert Rivera affirmant jeudi ne pas "être lié par l'accord (entre le PP et Vox) car je ne l'ai pas signé et je ne l'ai même pas analysé". Il n'empêche : l'accord de gouvernement conclu avec Vox contraste avec les premières heures du parti libéral. Ciudadanos a notamment été fondé à l'origine en 2006 en Catalogne avec pour ambition d'y combattre l'essor du nationalisme catalan. Il avait même conclu un accord de coalition avec le Parti socialiste de l'actuel chef du gouvernement Pedro Sanchez en 2016, resté vain, avant de soutenir quelques mois plus tard l'investiture de Mariano Rajoy (Parti Populaire), ce qui lui a valu des accusations de "girouette". 


La rédaction de TF1info

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