Arabie Saoudite : presque deux fois plus d'exécutions sous le règne du roi Ben Salmane

par M.L (avec AFP)
Publié le 1 février 2023 à 15h23

Source : JT 13h WE

Le régime saoudien du roi Salmane et de son fils Mohammed a initié plusieurs réformes ces dernières années.
Mais il reste particulièrement répressif : le nombre d'exécutions a presque doublé depuis l'arrivée du souverain au pouvoir, en 2015.
Selon deux ONG, plus de 1000 condamnations à mort en été appliquées et des actes de torture sont perpétrés.

Derrière un discours réformiste, une répression sanglante : les exécutions en Arabie saoudite ont presque doublé sous le règne du roi Salmane et de son fils Mohammed, dirigeant de facto du royaume. C'est le sombre constat dressé dans un rapport par deux organisations de défense des droits humains, qui évoquent aussi des cas de tortures perpétrées par le régime, l'un de ceux ayant le plus recours à la peine capitale dans le monde.

Le nombre d'exécutions dans la monarchie du Golfe est passé de 70,8 par an en moyenne entre 2010 et 2014, à 129,5 par an depuis l'arrivée au pouvoir de l'actuel roi en 2015, indique ce document publié mardi 30 janvier par l'organisation britannique Reprieve et l'Organisation saoudienne européenne pour les droits de l'homme (European Saudi Organization for Human Rights – ESOHR). Au total, le pouvoir actuel a appliqué plus de 1000 condamnations à mort, selon ces ONG, qui affirment avoir recoupé les chiffres officiels avec des enquêtes et des entretiens menés avec des avocats, des membres des familles et des militants. 

Le rapport fait état de 147 exécutions l'année dernière, un bilan conforme au décompte réalisé par l'AFP à partir des annonces du gouvernement. En mars dernier, l'Arabie saoudite a annoncé l'exécution de 81 personnes en une seule journée, pour des crimes liés au terrorisme, suscitant un tollé international. 

Les six années les plus sanglantes de l'histoire récente du pays

Le royaume ultraconservateur a pourtant connu ces dernières années d'importantes réformes sous l'impulsion du prince héritier Mohammed ben Salmane, notamment sur le volet des droits des femmes. Mais ces réformes se sont accompagnées d'une répression implacable de toute dissidence politique, selon les militants des droits de l'homme. 

Le prince a aussi assuré en mars dernier à la revue américaine The Atlantic que le royaume s'était "débarrassé" de la peine de mort, sauf pour les cas de meurtre ou lorsque l'accusé "menace la vie de nombreuses personnes", selon la retranscription de l'entretien publiée par les médias d'État saoudiens. Or selon le rapport des ONG, les six années les plus sanglantes en matière d'exécutions dans l'histoire récente du pays se sont toutes produites sous le pouvoir actuel

La "machine de la peine capitale saoudienne broie des enfants, des manifestants, des femmes vulnérables employées comme domestiques, des mules à drogue involontaires, et des personnes dont le seul 'crime' est de posséder des livres interdits ou de parler à des journalistes étrangers", a dénoncé Maya Foa, la directrice de Reprieve. "Cette voie sanglante est empruntée par les autorités saoudiennes à des fins d'intimidation et de répression politique", a réagi de son côté Taha al-Hajji, directeur juridique de l'ESOHR. Le document de 58 pages relève également des cas de tortures "systémiques" et de violations des procédures, en évoquant notamment des cas de procès inéquitables et de torture d'enfants. 

Ces révélations surviennent au moment même où la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, sera à Ryad ce jeudi et à Abou Dhabi vendredi, pour renforcer les partenariats avec l'Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis, dans un contexte d'instabilité régionale, a appris mercredi l'AFP de source diplomatique.


M.L (avec AFP)

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