Arrestation de Français en Iran : Téhéran accusée de poursuivre sa "diplomatie des otages"

Publié le 14 mai 2022 à 12h13

Source : JT 20h Semaine

Deux Français ont été arrêtés en Iran, "sans fondement" selon Paris.
Téhéran est accusé de pratiquer une "diplomatie des otages", en arrêtant des ressortissants étrangers pour faire pression sur leurs gouvernements.
Deux autres Français étaient déjà détenus en Iran.

C'est une enseignante et son compagnon, qui ont été arrêtés cette semaine en Iran, dans des circonstances inconnues. S'ils sont accusés par Téhéran d'être "entrés dans le pays dans le but de déclencher le chaos et déstabiliser la société", leur arrestation a été jugée "sans fondement" par le ministère des Affaires étrangères français.

Deux autres Français sont déjà détenus en Iran : la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, condamnée en 2020 à cinq ans de prison pour "atteinte à la sécurité nationale" ; et le trentenaire Benjamin Brière, arrêté en mai 2020 pour  avoir pris "des photographies de zones interdites" à l'aide d'un drone de loisir - et condamné depuis à plus de huit ans de prison. Ce dernier est le seul non-binational parmi les nombreux ressortissants occidentaux arrêtés par le régime iranien. Téhéran ne reconnaissant pas la double nationalité, les personnes arrêtées ne peuvent ainsi pas bénéficier de l'aide consulaire du pays occidental dont ils sont ressortissants.

C'est la diplomatie par la coercition
Un spécialiste du dossier

Évoquant les cas de Benjami Brière et de Fariba Adelkhah, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian avait affirmé en janvier tout faire pour que "les otages, il faut appeler les choses comme cela" soient libérés. C'est en effet une stratégie récurrente de Téhéran, selon un bon connaisseur occidental du dossier. "C'est la diplomatie par la coercition", a-t-il ainsi expliqué à l'AFP : "Ne pas régler les différends internationaux simplement par la négociation classique entre États". Le régime iranien tente ainsi de faire pression, dans une position plus favorable, sur le dossier du nucléaire ou pour obtenir la libération de prisonniers iraniens.

Une stratégie diplomatique ancienne

En 2010, la libération par Téhéran de l'étudiante française Clotilde Reiss avait ainsi été suivie de près par celle de l'Iranien Ali Vakili Rad, condamné en 1994 à Paris à la réclusion criminelle à perpétuité, pour le meurtre trois ans plus tôt de l'ancien Premier ministre iranien Chapour Bakhtiar. Paris a cependant toujours réfuté un lien de cause à effet entre les deux libérations. Cette stratégie remonte en fait aux premiers jours du régime islamiste, puisque dès sa création en 1979, une partie du personnel de l'ambassade américaine de Téhéran avait été retenue pendant quatorze mois. 

Si des dizaines d'étrangers ont été arrêtés depuis cette époque, parfois échangés contre des prisonniers iraniens dans les pays occidentaux, le cas le plus sensible actuellement est celui du chercheur irano-suédois Ahmadreza Djalali, condamné à mort pour espionnage en 2017, et dont la famille redoute désormais l'exécution imminente. Pour l'ONG Iran Human Rights, le sort de ce spécialiste de la médecine d'urgence "est un test très important pour l'Europe". Son porte-parole appelle d'ailleurs les Européens à adopter "une position ferme contre la prise d'otages et cesser de la récompenser".


Frédéric SENNEVILLE

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