QUIPROQUO- L'homme intercepté mardi alors qu'il s'embarquait pour Riyad, et dont le nom correspondait à celui d'un suspect recherché pour sa complicité dans l'assassinat du journaliste et opposant Jamal Khashoggi, n'était en fait qu'un homonyme.
Selon des informations recueillies le jour même par LCI, c'est lorsqu'il s'est enregistré ce mardi à l'aéroport de Roissy, pour un vol à destination de l'Arabie Saoudite, que Khalid Al-Otaibi a activé une alerte : son nom fait partie d'une liste de personnes recherchées par Interpol, à la suite d'un mandat lancé par la Turquie. Si la justice turque, qui a ouvert un procès, a effectivement inculpé un membre de la garde royale portant ce nom, pour sa complicité dans l'assassinat de Jamal Khashoggi, le passager de Roissy ne serait finalement qu'un homonyme, ainsi que vient de le confirmer le procureur général de Paris.
"Les vérifications approfondies relatives à l'identité de cette personne", a ainsi développé Rémy Heitz, "ont permis d'établir que le mandat ne s'appliquait pas à elle". Un détail faisait tiquer depuis l'annonce de l'arrestation ce mardi : Khalid Al-Otaibi aurait été arrêté à Paris sous son vrai nom et muni de son propre passeport, alors qu'il lui était difficile d'ignorer qu'Istanbul était à sa recherche et avait émis un mandat d'arrêt international. Ce garde royal de 33 ans était présent au consulat saoudien d'Istanbul, lorsque Jamal Khashoggi y a disparu le 2 octobre 2018. Le journaliste, ancien proche du régime, en était devenu un adversaire farouche et vivait en exil à Washington. Il s'était rendu à une convocation du consulat d'Istanbul pour des questions administratives, en rapport avec son mariage prochain avec sa fiancée turque.
Le véritable Al-Otaibi emprisonné en Arabie Saoudite ?
Si Khashoggi n'est jamais ressorti du bâtiment, et que son corps n'a jamais été retrouvé, de nombreux éléments laissent penser qu'il y a été assassiné par un commando envoyé par Riyad. C'est le prince héritier Mohammed Ben Salmane qui est généralement tenu pour être le commanditaire direct de cette opération. Un procès s'était tenu à Riyad en 2019, dans une grande opacité. Cinq hommes y avaient été condamnés à mort (peines commuées en vingt de prison quelques mois plus tard), tandis que trois autres avaient été relaxés, et trois autres condamnés à des peines de détention variées. Selon une source proche des services de sécurité saoudiens, interrogée par l'AFP, "le véritable Khalid Al-Otaibi et tous les accusés dans cette affaire sont emprisonnés au sein du royaume".
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Victime de son "homonymie quasiment parfaite", l'homme arrêté mardi à Roissy a donc été libéré après vérification. Le président français avait rencontré la semaine dernière Mohammed Ben Salmane, lors d'une visite à Jeddah. Après ce face-à-face décrié, Emmanuel Macron avoir eu avec le prince héritier une discussion "sans tabou" sur les droits de l'Homme.