Attaque russe sur une centrale nucléaire ukrainienne : l'AIEA prête à se rendre en Ukraine

M.L (avec AFP)
Publié le 4 mars 2022 à 14h00, mis à jour le 4 mars 2022 à 14h30

Source : TF1 Info

Après les bombardements russes sur le site nucléaire de Zaporijjia, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique Rafael Mariano Grossi a souhaité se rendre à Tchernobyl.
Depuis cette centrale, également aux mains de Moscou, il espère trouver un "accord sur un cadre" pour garantir la sécurité des sites nucléaires.

Une "catastrophe" a été évitée de peu et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) compte tout faire éviter que le scénario ne se reproduise. "La situation aurait pu être dramatique, je pense que nous ne devons pas attendre pour essayer d'y répondre de manière efficace", a estimé lors d'une conférence de presse Rafael Mariano Grossi, le directeur général de l'organisation, depuis son siège à Vienne, suite au sujet du bombardement dans la nuit de jeudi à vendredi de la centrale nucléaire ukrainienne Zaporijjia, située au sud du pays. 

L'attaque du site par des missiles russes a provoqué un incendie qui n'a heureusement pas touché de réacteurs, mais a blessé deux personnes assurant la sécurité de la centrale, a-t-il précisé dans la vidéo en tête d'article. Avant d'indiquer que le personnel ukrainien continue de "gérer les opérations" sur le site mais celui-ci, ainsi que la centrale de Tchernobyl, sont à cette heure "entre les mains des forces militaires russes". "Nous avons la chance qu'il n'y ait pas eu de fuite de radioactivité et que les systèmes de sécurité des réacteurs n'ont pas été affectés. (...) Mais pour l'AIEA, le temps est venu d'agir", a lancé le responsable, qui alerte depuis le début de l'invasion russe sur le risque d'un grave accident nucléaire

Rafael Mariano Grossi a fustigé en particulier le fait que malgré un "accord général" international sur les principes de sécurité des sites nucléaires, "l'intégrité physique" de Zaporijjia n'a pas été respectée la nuit dernière. Il a alors proposé de se rendre à l'ancienne centrale de Tchernobyl, où des combats avaient déjà eu lieu le 24 février. "J'ai indiqué à la Russie et à l'Ukraine que je suis disponible et prêt à me rendre à Tchernobyl dès que possible, pour que tous les principes que j'ai évoqués ne soient plus jamais remis en question (...) et pour trouver un compromis commun pour les respecter", a-t-il lancé. 

"Mieux comprendre les réalités du terrain pour être plus efficace"

Parmi ces principes incontournables "pour garantir la sécurité et la sûreté sur tout site nucléaire", le chef de l'AIEA a cité le respect de "l'intégrité physique" des infrastructures, mais aussi la possibilité laissée au personnel de travailler sur place, l'alimentation des sites à partir de l'extérieur en cas de panne sur place, et le maintien de la communication dans et autour de ces centrales. Une communication précieuse la nuit passée, a-t-il appuyé, assurant être en contact permanent avec les équipes ukrainiennes sur place au cours de cette attaque, décriée par l'Ukraine et la communauté internationale

Tout en reconnaissant des difficultés "logistiques" à organiser ce voyage à Tchernobyl, Rafael Mariano Grossi a estimé "que cela n'est pas impossible". Pour l'heure, "les deux parties examinent l'offre", a-t-il indiqué. "L'idée est de parvenir à un accord sur un cadre" pour garantir la sécurité des sites nucléaires en négociant directement sur les lieux, a-t-il ajouté. Suite à la demande d'assistance immédiate de l'Ukraine, "nous devons être sur place" pour "mieux comprendre la situation pour être plus efficace", a-t-il justifié, alors qu'il était interrogé par des journalistes sur la pertinence du choix du lieu pour ces discussions. 

"Nous sommes disposés à agir et ne pas nous contenter de Tweets", a-t-il encore défendu, sans être en mesure de préciser les conditions précises de cet échange, à cause d'une "situation inédite", qui plonge tous les acteurs dans un "inconnu total", s'est-il inquiété. C'est en effet la première fois qu'un conflit militaire se déroule dans un pays doté d'un large programme nucléaire.

Le chef de l'AIEA a toutefois tenu à préciser que cette démarche personnelle "n'avait rien à voir avec les aspects politiques de cette crise". "Je ne suis pas un médiateur auto-désigné", a-t-il appuyé. Un éventuel déplacement en Ukraine se déroulerait après sa visite en Iran, prévue samedi dans le cadre d'efforts pour régler un dossier en parallèle des négociations de Vienne visant à sauver l'accord de 2015. 


M.L (avec AFP)

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