Au Gabon, les éléphants sont menacés d'extinction

Publié le 21 février 2017 à 20h41
Au Gabon, les éléphants sont menacés d'extinction

CRI D'ALARME - C'est un véritable drame écologique qui se joue actuellement au Gabon. En 10 ans, l'éléphant de forêt d'Afrique centrale a perdu 80% de sa population dans un vaste parc pourtant sanctuarisé. Une étude montre que près de 25.000 éléphants sont morts entre 2004 et 2014. En cause ? Le braconnage.

C'est un signal d'alarme que lancent des scientifiques aujourd'hui. Les éléphants de forêt qui peuplent l'une des plus importantes réserves d'Afrique centrale, au Gabon, sont de moins en moins nombreux. Ils ont chuté de près de 80% en une décennie à cause du braconnage. Ce déclin a été observé dans une zone, pourtant sanctuarisée, dans le parc national de Minkébé. 

Il dépasse les estimations faisant précédemment état d'une baisse de 65% de leur population en Afrique centrale et, sur ce seul parc, équivaut à la perte de 25.000 individus en dix ans, où leur nombre est passé de 32.851 éléphants à seulement... 7.370. 

Une population décimée par le braconnage

Dans un entretien à l'AFP, John Poulsen, auteur de cette étude publiée dans Current Biology explique que  la situation est plus grave que prévue".  "50% des éléphants de forêt se trouvent au Gabon, et notre étude montre que même les populations d'éléphants de ce pays sont menacées d'extinction", a-t-il précisé. Aujourd'hui, en Afrique Centrale, gouvernements et agences spécialisées doivent, selon les chercheurs, agir rapidement et mettre en place des coopérations multilatérales afin d'enrayer ce phénomène. A quoi est dû ce déclin phénoménal de la population des éléphants ? Au braconnage, indiquent les chercheurs. Dans le cas du parc gabonais, les braconniers viennent pour l'essentiel du Cameroun voisin, selon l'étude. Ils ont d'ailleurs pu identifier deux fronts de braconnage.

Le Cameroun en cause ?

Le nombre des éléphants dans le sud du parc, qui se trouve à 58 kilomètres du plus proche grand axe routier gabonais, a été un peu réduit, précise le chercheur.  Mais dans le centre et les parties nord du parc qui, a un endroit, est à seulement six kilomètres d'une route nationale camerounaise, "les populations d'éléphants ont été décimées", poursuit le chercheur. La proximité de cet axe routier fait qu'il est relativement facile pour les braconniers camerounais d'accéder au parc et  de transporter leur butin illégal jusqu'à Douala, la plus grande ville du pays qui est un centre majeur de trafic international d'ivoire.

La communauté internationale doit faire pression sur les nations autorisant encore le commerce d'ivoire

Depuis 2011, les autorités  gabonaises ont pris des mesures plus drastiques pour combattre le braconnage à Minkébé, relève le professeur Poulsen. Elles ont ainsi mis les éléphants sous un statut de "protection complète", créé une force de police nationale du parc et doublé le budget de l'agence chargée de gérer le parc. Enfin le Gabon a été le premier pays africain à brûler l'ivoire saisie.

 Mais visiblement, ces mesures demeurent insuffisantes. "Nous ne pouvons plus considérer que les zones protégées suffisent pour sauver les espèces: les braconniers iront partout où ils pourront faire du profit", a prévenu M. Poulsen. "La décision de la Chine de bannir le commerce d'ivoire aidera énormément, si elle est appliquée. Maintenant, la communauté internationale doit faire pression sur les nations autorisant encore ce commerce", a ajouté l'écologue. 

"Le temps presse et pour sauver les éléphants de forêt il faut créer de nouvelles zones multinationales de protection et coordonner les efforts internationaux de police pour poursuivre les braconniers commettant des délits criminels contre la faune sauvage dans d'autres pays", recommande le professeur Poulsen.

Sauver les éléphants, une peine perdue ?Source : JT 20h WE
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Les éléphants de forêt étaient environ 500.000 en 1993

Mais pour les chercheurs, il va falloir mettre en place une vraie politique de sauvegarde de cette espèce. Pour eux, les éléphants de forêt doivent être reconnus comme espèce à part entière, à côté des éléphants de savane. Une telle distinction permettrait d'attirer l'attention sur le sort de ces pachydermes peu connus; elle se justifie aussi par des traits génétiques et morphologiques propres (ils sont notamment un peu plus petits), arguent-ils.

Selon de précédentes études, les éléphants de forêt étaient environ 500.000 en 1993, après avoir atteint le nombre de 2 millions. Or, parmi ses handicaps, cette espèce se reproduit bien plus lentement que l'éléphant de savane, avait montré une étude en 2016. Outre la diversité des espèces, ces éléphants sont aussi essentiels aux forêts, contribuant à disperser les graines de nombreuses variétés d'arbres. 


La rédaction de TF1info

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