Au Japon, un Français en grève de la faim pour retrouver ses enfants

Publié le 22 juillet 2021 à 7h50

Source : TF1 Info

FOCUS - A la veille de l'ouverture des Jeux olympiques et la venue d'Emmanuel Macron, un Français ayant entamé une grève de la faim il y a dix jours à Tokyo, espère attirer l'attention non loin du nouveau stade olympique. Il n'a pas vu ses enfants depuis leur enlèvement par leur mère japonaise en 2018.

Pour Vincent Fichot, privé de ses enfants depuis leur enlèvement par leur mère japonaise, les Jeux olympiques de Tokyo sont synonymes d'espoir d'être peut-être enfin entendu. Cet ancien trader, n'ayant pas revu son fils et sa fille âgés de six et quatre ans depuis trois ans, a démarré le 10 juillet dernier une grève de la faim avant la cérémonie d'ouverture et la venue d'Emmanuel Macron.

"J'ai tout donné, j'ai perdu mon travail, ma maison et mes économies depuis trois ans. Il me reste 80 kilos, et je les donnerai jusqu'au dernier gramme", avait déclaré le père de famille à l'AFP, assis sur un tapis de sol à l'entrée d'une gare à Tokyo, non loin du nouveau stade olympique. Installé depuis 15 ans au Japon, ce Français de 39 ans assure qu'il ne cessera pas son action tant qu'il n'aura pas récupéré ses enfants. 

L'enlèvement parental, une pratique courante au Japon

À défaut de cela, il veut que les autorités françaises lui démontrent qu'elles "veulent vraiment" défendre ses enfants et "appliquer des sanctions contre le Japon", qui viole selon lui ses engagements internationaux. Sa femme a prétexté des violences conjugales devant les juges, mais "elle s'est rétractée" par la suite et aujourd'hui la justice japonaise "n'a rien à me reprocher", assure-t-il. Interrogée par l'AFP, l'avocate de M. Fichot en France, Jessica Finelle, a estimé que son action radicale était "le cri de désespoir d'un père qui a tout tenté depuis trois ans pour retrouver ses enfants".

La garde partagée des enfants en cas de séparation n'existe pas légalement au Japon. Aussi, l'enlèvement parental est une pratique courante et tolérée par les autorités locales. Il n'existe pas de chiffres officiels, mais des associations estiment que 150.000 mineurs en sont victimes chaque année dans l'archipel. Parmi eux, se trouvent des enfants binationaux, comme ceux de M. Fichot, qui après s'être heurté à un mur face aux autorités et à la justice japonaise, s'est tourné vers la justice et l'État français, les instances européennes et les Nations unies.

Des "situations de détresse qui sont absolument inacceptables"

M. Fichot fait partie d'un groupe de dix pères et mères de quatre nationalités différentes ayant porté plainte en 2019 auprès du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies. Une information judiciaire pour soustraction de mineurs visant son épouse a par ailleurs été ouverte en France fin 2020. "Mais il faut aujourd'hui des actes diplomatiques marquants", comme le rappel de l'ambassadeur de France au Japon ou la suspension de l'accord de "partenariat stratégique", conclu entre le Japon et l'Union européenne qui vient d'être ratifié par la France, a insisté Me Finelle. "Seules des actions concrètes peuvent contraindre les autorités japonaises à réagir".

Le président français Emmanuel Macron doit se rendre à Tokyo les 23 et 24 juillet, pour assister notamment à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques.  "Ce sont des situations tragiques" dans lesquelles "l'État français se tient aux côtés de ses concitoyens en détresse" et "cherche des solutions avec les autorités japonaises dans l'intérêt supérieur des enfants", explique l'Elysée. 

Mais "il n'appartient pas à la France de décider des normes sociales par le Japon" même si "nous l'encourageons" à lancer un débat sur cette situation qui affecte près de 100.000 personnes, ajoute la présidence, sans indiquer si Emmanuel Macron rencontrera Vincent Fichot comme il l'avait fait en 2019. Lors de cette visite, la dernière du Président au Japon, ce dernier s'était engagé à agir en faveur de parents français n'ayant plus accès à leurs enfants, évoquant des "situations de détresse qui sont absolument inacceptables". 


La rédaction de TF1info

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