Au Maroc, deux étudiantes risquent la prison pour des jupes jugées trop courtes

Publié le 26 juin 2015 à 11h01
Au Maroc, deux étudiantes risquent la prison pour des jupes jugées trop courtes

JUSTICE – Deux jeunes étudiantes marocaines risquent jusqu'à 2 ans de prison pour avoir porté des jupes jugées trop courtes, contraire aux "bonnes moeurs". Une partie de la société civile demande l'arrêt des poursuites.

Il y avait eu l’affaire de " la jupe " en Algérie. Il y aura désormais celle du Maroc. Ou plutôt celles, au pluriel, puisque deux jeunes étudiantes de 20 ans sont poursuivies en justice et risque entre un mois et deux ans de prison pour avoir porté des jupes jugées trop courtes, révèle le quotidien Assbah le 18 juin dernier. Une judiciarisation qui enflamme la toile et divise conservateurs et progressistes du pays en attendant leur procès prévu le 6 juillet prochain.

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Pour les deux jeunes filles, tout commence le 14 juin dernier alors qu’elles font leurs courses dans le souk d’Inezgane, dans le sud du pays, raconte le site de Jeune Afrique . Elles sont alors interpellées par un commerçant qui pointe du doigt leurs robes et les juge trop courtes. Une discussion démarre mais le ton monte rapidement. Les deux jeunes filles, apeurées et encerclées par une foule qui ne cesse de grossir, se réfugient chez un autre commerçant en attendant la police… Police qui donnera raison à la foule. Les forces de l’ordre jugeront en effet que la tenue des étudiantes est de nature "à porter atteinte aux bonnes mœurs". Elles seront alors embarquées au poste, où elles passeront la nuit, avant d’être déférées devant le procureur du roi qui décidera de les poursuivre.

Les défenseurs des droits de l'homme montent au créneau

Une décision qui fait hurler les militants des droits de l’homme comme Bouthaina El Makoudi. Cette dernière a posté une vidéo sur Facebook où elle se montre très virulente et déplore "cet esprit daéchiste qui rampe vers le Maroc et qui pourrait prendre une grande ampleur qui limiterait la liberté des citoyens". "Ce n'est pas juste l'histoire de ces deux filles, c'est une menace générale pour les libertés individuelles", tonne-t-elle dans un message vu, quatre jours après sa publication, près de 70.000 fois.

Une pétition adressée au ministre marocain de la Justice et réclamant l’arrêt pur et simple des poursuites a, en outre, été mise en ligne et recueilli, à ce jour, près de 12.000 signatures. “Mettre une robe n’est pas un crime”, écrit celle qui est à l’initiative de la pétition qui déplore que, selon elle, le commerçant et la foule d’Inezgane n’aient pas été poursuivis pour agression verbale et harcèlement.

Depuis plusieurs mois, le pays est secoué par différentes polémiques sur les mœurs, notamment en matière d’homosexualité. Début juin, deux militantes Femen ont été expulsées du pays après avoir posé seins nus dans la ville de Rabat pour dénoncer la pénalisation de l'homosexualité . Le 19 juin, deux hommes ont été condamnés à 4 mois de prison pour s’être embrassés . Le même mois, la une d’un hebdomadaire marocain qui se demandait s’il fallait brûler les homosexuels avait enflammé le pays et bien au-delà.

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La rédaction de TF1info

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