Au Maroc, un homme soupçonné d’être homosexuel lynché dans la rue par la foule

Publié le 1 juillet 2015 à 15h56
Au Maroc, un homme soupçonné d’être homosexuel lynché dans la rue par la foule

MAROC - Un jeune marocain s'est fait violemment agresser par de très nombreuses personnes, lundi soir, dans une rue passante de Fès. Son attitude et ses vêtement aurait déplu à la foule. Une nouvelle illustration de la crispation de la société marocaine sur certains sujets sociétaux.

Lynché à cause de sa sexualité supposée. Depuis mardi, plusieurs vidéos montrant l’agression violente d’un jeune garçon dans les rues de Fès, au Maroc, enflamme les internautes, et les médias marocains. Au point que le ministère marocain de la Justice a promis une enquête.

Les vidéos montrent toutes, plus ou moins, la même chose, sous différents angles. Un jeune homme présenté comme homosexuel qui se fait violemment agresser pour cette raison, lundi soir, par une foule menaçante à qui l’attitude aurait déplu. Forcé de se réfugier dans un taxi, il en sera extirpé de force par des hommes, puis roué de coups avant de réussir à s’enfuir. Un policier interviendra alors et brandira son arme pour repousser la foule. Diffusée par le site Goud.ma , une des vidéos recense près de 500.000 vues en 24 heures.

A LIRE AUSSI >> Deux hommes condamnés à 4 mois de prison pour un baiser en public

Le jeune homme envisage de porter plainte

Si la vidéo est encore en cours d'authentification, Mustapha Jebbour confirme auprès de metronews qu'il y a bien eu un jeune garçon lynché par la foule, lundi soir, dans les rues de la ville. Et que la vidéo qui circule pourrait bien être celle de l'agression. "Le jeune garçon, un marocain dans la trentaine qui habite la ville, s'est fait attaquer à coups de poing et de pieds par une foule proche de l'hystérie. Pas une personne ne s'est élevée pour demander l'arrêt des violences. C'est terrible". La raison de ce déferlement de violence et de haine ? "La façon dont il était habillé qui leur a déplu", des vêtements considérés comme efféminés et associés par la foule à l'homosexualité. Hanan de son pseudonyme, qui signifie "la tendresse" en marocain, est sous le choc, d'après Mustapha Jebbour, qui précise que le jeune garçon devrait porter plainte prochainement.

Plusieurs médias décrivent une scène d'une "rare violence [qui laisserait] croire que les Daechiens [djihadistes du groupe Etat islamique, ndlr] sont parmi nous" commente le360.ma qui se présente comme un site d’informations généraliste. Et qui en rajoute une couche dans un article consacré à la vidéo : "Non, cette scène de barbarie ne sort pas d’une vidéo tournée dans une bourgade syrienne sous le contrôle de Daech mais s’est déroulée chez nous, avenue Hassan-II à Fès". Sous la vidéo, certains commentaires se distinguent par leur violence : "Il n’y a pas de place pour les homos dans les territoires musulmans [pénalement répréhensible au Maroc, ndlr] parce que c’est la volonté d’Allah", écrit un internaute. "S’il veut vivre comme il est, il n’a qu’à aller en Europe, c’est aussi simple que ça", embraye un second.

A LIRE AUSSI >> Au Maroc, deux étudiantes risquent la prison pour des jupes jugées trop courtes

Le ministère de la justice ouvre une enquête

Ce lynchage violent s’inscrit dans un contexte particulier au Maroc où les tensions sont vives autour des droits des homosexuels ou de l’émancipation des femmes ; depuis le début de l’année, deux gays ont été condamnés à 4 mois de prison pour un baiser , un hebdomadaire marocain a provoqué un tollé en s'interrogeant sur " faut-il brûler les gays " et deux étudiantes risquent la prison pour des jupes jugées trop courtes .

Devant le scandale provoqué par la vidéo, le ministère marocain de la Justice a annoncé mardi après-midi l'ouverture d'une enquête, et promis que des poursuites seraient engagées contre les auteurs de l'agression. "Le dossier sera traité avec fermeté envers ceux qui essaient de se substituer à la loi", assure le ministère dans un communiqué. Une réaction a minima pour l'association de défense qui dénonce cette agression et pointe la responsabilité globale de l'Etat qui ne réagit pas fermement devant ce genre de violences.


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info