Plusieurs plages ont été fermées cet été au Royaume-Uni, en raison de la pollution émanant des eaux usées.Ces dernières sont déversées dans la Manche depuis des années.Si le problème est récurrent, il semble s'accentuer depuis le Brexit et l'absence de contraintes européennes.
La Manche, un dépotoir à ciel ouvert pour de nombreuses usines britanniques ? Au Royaume-Uni, plusieurs stations balnéaires ont vu leurs côtes souillées par des eaux usées, déversées en quantité. Un phénomène récurrent dans le pays, mais en pleine recrudescence depuis le Brexit.
Ce mercredi, l'ONG Surfers Against Sewage (SAS) a fait savoir que pas moins de 90 plages ont été salies en juillet dernier. Leur liste est basée sur les données de déversement des compagnies des eaux, et comprend les côtes qui s'étendent jusqu'au Pays de Galles.
Un procédé autorisé en cas de fortes pluies
Déjections humaines, lingettes, tampons... Les eaux usées non traitées évacuées dans la mer charrient leurs lots de rejets nauséabonds. Inconcevable d'un point de vue écologique, cette pratique est cependant la plupart du temps légale. Par très fortes pluies, les compagnies des eaux peuvent en effet procéder à ces déversements afin d'éviter l'engorgement d'un réseau d'égout datant souvent de l'époque victorienne et donc des remontées vers les bâtiments. Ces déversements se sont d'ailleurs accentués ces derniers jours après que les tempêtes et la pluie ont provoqué des crues soudaines dans le sud du pays.
Selon SAS, qui milite pour des eaux propres, les compagnies des eaux ont signalé plus de 5500 rejets sur l'année achevée fin septembre, soit une hausse de 87,6% en un an. L'association, qui a développé une application pour alerter nageurs et surfeurs, relève que de plus en plus de rejets interviennent lors d'"épisodes de pluie normaux", et non des précipitations exceptionnelles. Elle estime aussi le chiffre largement sous-estimé car il ne concerne que les eaux côtières. Les cours d'eau ne sont pas épargnés. Selon l'Agence de l'environnement, seulement 14% des rivières anglaises étaient considérées comme satisfaisantes d'un point de vue écologique en 2020.
Beaches in #Bexhill , #NormansBay and #Hastings remain closed after raw sewage is pumped into the sea https://t.co/l4FstkiKYC pic.twitter.com/8yywwTKgVV — BBC Radio Sussex (@BBCSussex) August 19, 2022
Malgré la colère de nombreux citoyens, le gouvernement semble rechigner à mettre en œuvre le "Brexit vert" maintes fois promis. En octobre 2021, l’exécutif - dirigé par Boris Johnson – avait refusé de soutenir un amendement dans le projet de loi sur l’environnement qui contraindrait les stations d’épuration à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter ces débordements. Depuis, le Premier ministre a annoncé son départ du pouvoir. Mais son père, Stanley Johnson, a toujours la dent dure contre son fils : Johnson senior, âgé de 82 ans et ancien député, a déclaré il y a quelques jours sur une radio britannique que le gouvernement de son fils n’avait pas fait assez pour lutter contre les pratiques des compagnies des eaux.
Les libéraux démocrates, eux, ont affirmé cette semaine que les dispositifs de surveillance des services côtiers - conçus pour signaler les rejets d'eaux usées - n'avaient pas été installés ou ne fonctionnaient pas "90% du temps". Stanley Johnson a par ailleurs ajouté que le Brexit avait porté un coup à la qualité de l’eau, affirmant qu’une directive de l’UE a "transformé la qualité des eaux de baignade dans toute l’Europe" alors que le Royaume-Uni "a été traîné devant la Cour européenne de justice et contraint de nettoyer ses eaux usées".
Sous le feu des critiques, le ministère britannique de l'Environnement a réagi, rappelant qu'un plan de lutte contre les débordements d'eaux usées est en cours et sera publié le 1er septembre.
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