Australie : la politique ultra-répressive contre les migrants remise en cause

Publié le 8 septembre 2015 à 16h44
Australie : la politique ultra-répressive contre les migrants remise en cause

CRISE MIGRATOIRE - Depuis plusieurs mois, l'Australie repousse les nombreux migrants qui approchent de son rivage. Ceux qui touchent au but sont incarcérés. Des méthodes de moins en moins tolérées par les citoyens.

A l’heure où de fragiles embarcations affluent chaque jour sur les côtes européennes, le Premier ministre australien Tony Abbott peut, lui, se vanter d’un bilan tout autre en la matière. Et pour cause : aucun bateau de réfugiés n’a atteint les rives de son pays depuis plus d’un an. Mais à quel prix. Ceux qui approchent sont repoussés en haute mer, et ceux qui touchent terre sont incarcérés dans des camps au large. Une politique ultra-radicale qui commence à faire grincer des dents l’opinion publique.

Il faut dire que, durant plusieurs années, le gouvernement a agi en toute discrétion. Les réfugiés étaient en effet peu nombreux entre 2008 et 2012, et ils continuent d'être acceptés au titre d'un programme humanitaire limité à 13.500 places par an. Sauf que depuis 2013, des embarcations chargées de migrants venus d'Afghanistan, du Sri Lanka et du Moyen-Orient ont commencé à arriver quasi quotidiennement, entrainant des centaines de noyades au large de l'Australie septentrionale.

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L'image d'Aylan fait bouger les lignes

Pour stopper l’hémorragie, l’Australie a adopté une solution radicale : désormais, les bateaux de clandestins sont systématiquement refoulés par les bâtiments de la marine australienne. Des opérations en haute mer sur lesquelles règnent une certaine opacité. Seule certitude, ceux qui parviennent quand même à passer sont exilés dans des camps de rétention sur deux îles du Pacifique (Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et Nauru, dans l'océan Pacifique). Un choix inconcevable pour les défenseurs des droits de l'Homme, qui dénoncent sans relâche l'incarcération des demandeurs d'asile, y compris des enfants, pour des périodes indéfinies. Des enfants ont subi des abus sexuels dans ces camps qui accueillent plus de 1.500 personnes, des migrants s'y sont suicidés, accusent-ils encore.

Jusqu’à présent, l'opinion est restée largement à l'écart de la controverse. Mais les images du corps d'Aylan Kurdi, ce petit Syrien de trois ans échoué sur une plage turque, commencent à faire bouger les lignes. Des milliers d'Australiens se sont rassemblés à travers le pays lundi à la mémoire d'Aylan pour demander aux autorités de faire entrer davantage de réfugiés dans ce pays multiculturel nourri par des vagues d'immigration successives. Un élan de solidarité qui a poussé Tony Abbott à réagir.

"Nous avons tous été émus aux larmes par les images poignantes de cet enfant noyé", a-t-il reconnu devant le Parlement. L'Australie va prendre sa part du fardeau, a-t-il assuré. "Le gouvernement a la ferme intention d'accueillir un nombre significatif de gens venant de Syrie cette année", a-t-il précisé... sans toutefois avancer le moindre chiffre. Les associations humanitaires, elles, demandent à Canberra d’augmenter son programme d'accueil des réfugiés à 30.000. Un parlementaire a même parlé d'accueillir 50.000 Syriens.

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Thomas GUIEN

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