Aux Etats-Unis, la police tue deux personnes par jour

Publié le 31 mai 2015 à 14h35
Aux Etats-Unis, la police tue deux personnes par jour

VIOLENCES POLICIERES - Faute de statistiques complètes au niveau fédéral, le "Washington Post" a établi son propre calcul du nombre de personnes mortes sous les tirs de la police aux Etats-Unis. Rien que sur les cinq premiers mois de 2015, le journal décompte 385 victimes, soit plus de deux par jour.

Le chiffre est impressionnant pour une grande démocratie. Aux Etats-Unis, deux personnes meurent chaque jour sous les balles de la police. Alors que la répétition de cas de violences policières, notamment vis-à-vis des minorités, a fait naître depuis plusieurs mois des tensions dans le pays, c’est la conclusion à laquelle est parvenu le Washington Post , qui publie ce week-end une enquête sur le sujet. Au total, sur les cinq premiers mois de 2015, le quotidien américain décompte 385 personnes tuées par des tirs de policiers. Et les statistiques détaillées donnent d'autres indications sur le climat qui règne dans le pays.

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Les minorités surreprésentées

Faute de chiffres fiables au niveau fédéral, le journal s'est efforcé de recenser toutes les personnes tuées par arme à feu par des agents dans l’exercice de leur fonction, sur la base de rapports de police, d’entretiens, de comptes-rendus dans les médias locaux, ou encore de ressources en ligne. Le FBI peine en effet à fournir des statistiques complètes, les 18.000 agences locales et fédérales du pays n’ayant pas l'obligation de signaler ces homicides. Les personnes mortes d'une autre cause – pistolet paralysant, violence pendant une garde à vue, etc. – ne sont en revanche pas comptabilisées.

Le travail réalisé par le quotidien montre qu’environ la moitié des victimes étaient blanches, les autres issues de minorités. Pourtant ces dernières sont bien plus représentées parmi les victimes non armées, dont les deux tiers étaient noires ou hispaniques. Et une fois rapportée à la population totale recensée autour du lieu où la fusillade s’est produite, la proportion de Noirs tués représente trois fois celle des Blancs et des autres minorités.

365 hommes pour 20 femmes

Sur les 385 victimes, 365 étaient des hommes (171 Blancs, 100 Noirs, 54 Hispaniques, 6 Asiatiques, 34 dans la catégorie "autres" ou "non identifié"), 20 étaient des femmes (9 Blanches, 5 Noires, 3 Hispaniques, 3 "non identifiées"). Quant à l’âge des victimes, il va de 16 à 83 ans. Les 25-34 ans sont les plus touchés (118 personnes), devant les 35-44 ans (94), les 45-54 ans (62), les 18-24 ans (55), les plus de 55 ans (39) et les enfants de moins de 18 ans (8). L'âge de 9 des victimes est inconnu.

La plupart étaient pauvres et avaient déjà eu des démêlés avec la justice, le plus souvent pour de petits crimes. Et presque un quart du total des victimes (92) étaient identifiées par leur famille ou la police comme souffrant de troubles mentaux.

Une victime sur six n'était pas armée

Les policiers ne sont autorisés à faire usage de leur arme que s’ils craignent pour leur vie ou pour celle de quelqu’un d’autre, rappelle le Washington Post. Plus de 80% des victimes étaient en effet armées (revolvers/fusils, couteaux, machettes, véhicules et autres objets létaux dont un pistolet à clous) et pouvaient représenter une menace pour les officiers. Mais près d’une victime sur six ne l’était pas ou était en possession d'une arme jouet. Parmi les policiers impliqués dans la mort de ces 385 personnes, seuls trois ont pour l'heure été poursuivis pour "crime".


La rédaction de TF1info

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