Guerre en Ukraine : l'heure de la contre-offensive ?

Avec la guerre, les sportifs ukrainiens aussi payent un lourd tribut

par Maxence GEVIN
Publié le 24 février 2023 à 17h14
JT Perso

Source : Sujet TF1 Info

De nombreux sportifs ukrainiens de renom ont pris les armes pour défendre leur patrie contre la Russie.
Selon Kiev, plusieurs dizaines d'athlètes et membres de staff sont décédés depuis le début des hostilités.

Plus rien n'est comme avant. Depuis le lancement de l'offensive russe, il y a tout juste un an, le quotidien des 43 millions de personnes qui vivaient en Ukraine avant le début des combats, n'a plus rien à voir. Face à l'agresseur, ils sont des centaines de milliers à avoir fui vers l'étranger, et notamment vers des pays de l'Union européenne. 

Un conflit que les sportifs, comme leurs compatriotes commerçants, artisans ou encore architectes, ont subi de plein fouet. "En Ukraine, il n'y a plus de vie", résume le footballeur Viktor Tsygankov - qui a quitté le Dynamo Kiev pour Gérone cet hiver -, dans des propos rapportés par Ouest-France.

Nous ne pardonnerons pas. Nous n'oublierons pas

Vadym Gutzait

Depuis le début du conflit, plus de 230 athlètes, entraîneurs et membres du personnel d'encadrement sont morts, affirme le gouvernement ukrainien, relayé par la BBC. Quinze autres personnes ont été blessées, 28 ont été arrêtées et quatre sont portées disparues, ajoute Kiev. Nombre d'entre eux avaient choisi de prendre les armes pour défendre les terres de leurs ancêtres. "Les souvenirs lumineux et éternels de chacun de ces noms seront inscrits dans l'histoire de notre État comme des anges du sport et de l'Ukraine", a déclaré Vadym Gutzait, ministre ukrainien de la Jeunesse et des sports, qui évoque une "douleur indicible". "Nous ne pardonnerons pas. Nous n'oublierons pas", martèle-t-il. 

Au-delà de ces chiffres terribles, ce sont les vies de jeunes gens qui ont été fauchées. Parmi les décès recensés, le biathlète Yevhen Malyshev - qui s'est éteint à l'âge de 19 ans -, les footballeurs Vitalii Sapylo (21 ans), Dmytro Martynenko (25 ans), Oleksandr Sukhenko (25 ans), l'ancien champion de boxe Oleg Prudky (30 ans) ou encore le décathlonien Volodymyr Androshchuk (22 ans), mort en défendant la ville de Bakhmout.

Difficile de performer dans de telles conditions

En plus de ces lourdes pertes, les athlètes ukrainiens restés au pays n'ont plus ni les infrastructures ni la stabilité nécessaires à l'exercice de leur métier. "Il est beaucoup plus difficile de concourir, parce que je ne peux pas me concentrer à 100% sur mon sport. [...] Maintenant, la plupart du temps, je pense à la guerre, à ce que ressentent mes parents et mes amis. Je m'inquiète constamment pour eux", confirme à Franceinfo le biathlète Dmytro Pidruchnyi, appelé à rejoindre la Garde nationale ukrainienne durant quelques mois avant d'être autorisé à reprendre la compétition. 

Incorporé pendant un temps à la Garde nationale ukrainienne, Dmytro Pidruchnyi a finalement pu reprendre le chemin de la compétition.
Incorporé pendant un temps à la Garde nationale ukrainienne, Dmytro Pidruchnyi a finalement pu reprendre le chemin de la compétition. - Pierre-Philippe MARCOU / AFP

"Le plus dur, c'est de voir le désespoir et le chagrin des gens qui vous entourent, cette déception, cette tristesse, ce vide chez ceux qui ont tout perdu, que ce soit un membre de leur famille, leur maison, peu importe", abonde le tennisman Sergiy Stakhovsky, tombeur de Roger Federer à Wimbledon en 2013, qui a intégré la quatrième brigade de réaction rapide de la Garde nationale. Il a déjà participé à plusieurs batailles, à Koupiansk, Izioum, Iatskivka, et plus récemment Bakhmout

La guerre a conduit à un véritable exode dans le football ukrainien. La plupart des étrangers ont quitté leur club, bien aidés par des dispositifs spéciaux de la Fifa et de l'UEFA. Diminués sur le plan sportif, les clubs jouent tous leurs matchs à l'extérieur, souvent dans l'ouest du pays ou même dans des pays voisins. Le Shakhtar Donetsk a, par exemple, accueilli Rennes à Varsovie (Pologne). Pour les joueurs et les membres du staff de ce club, la situation dure même depuis 2014, avec les premiers combats dans la région. "C'est mon rêve que mon équipe puisse un jour jouer dans un stade à domicile rempli de ses supporters", a déclaré l'entraîneur croate Igor Jovicevic après la qualification de sa formation pour les huitièmes de finale la Ligue Europa. 

Une rare joie des joueurs du Shakhtar Donestk, après leur qualification contre Rennes en Europa Ligue.
Une rare joie des joueurs du Shakhtar Donestk, après leur qualification contre Rennes en Europa Ligue. - FRED TANNEAU / AFP

Sur le plan personnel, ces joutes européennes ont une saveur particulière, nombre de familles se trouvant en Pologne pour leur sécurité. Ces matchs couperets "nous donnent l'occasion de revoir nos familles", se réjouit le technicien. "Tant qu'on est qualifiés, on pourra les voir... Sans les compétitions européennes, on n'irait pas à Varsovie... Personnellement, si on avait été éliminés, je n'aurais plus vu ma famille jusqu'au moins de juin. C'est déjà une situation très difficile de vivre au rythme des bombardements, des sirènes", témoigne-t-il. Une situation qui rend l'exploit contre Rennes (3-3 sur l'ensemble des deux rencontres, victoire 5-4 aux tirs au but) d'autant plus remarquable. 

Pour "notre peuple, nos soldats"

Dans ce contexte des plus pesants, chaque moment de sport a une saveur particulière pour les athlètes ukrainiens. "On pense chaque jour à la guerre. Pendant les entraînements, pendant les matchs, nous portons une immense responsabilité envers notre pays, notre peuple et nos soldats qui se battent pour notre liberté", explique Igor Jovicevic. "On voudrait les remercier chaque jour, 100 fois par jour, et on voudrait que, quand ils regardent le match, ils soient fiers de notre jeu, plus que du résultat. Ce qui se passe sur le terrain, c'est un jeu. Là-bas, c'est la vraie vie. Alors, on joue avec tout notre cœur, jusqu'au bout, jusqu'à notre dernier souffle", insiste-t-il. 

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Des propos qui prennent d'autant plus de sens lorsque l'on se souvient des larmes des joueurs de la sélection ukrainienne, un soir de défaire contre le Pays de Galles (1-0), en barrages d'accession à la Coupe du monde.


Maxence GEVIN

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