ANTISEMITISME - Rayé du patrimoine immatériel de l'Unesco l'an dernier pour le défilé de caricatures antisémites, le carnaval de la ville flamande d'Alost a réitéré ce week-end, provoquant une nouvelle salve de condamnations.
"Une ville à vomir". "Une honte". Le carnaval de la petite ville flamande d'Alost (Belgique) a une nouvelle fois provoqué une salve de condamnations après avoir fait défilé des caricatures de juifs orthodoxes au nez crochus. L'an dernier, ce défilé vieux de 600 ans avait - pour ces faits - été retiré de la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco... Ce qui n'a pas empêché l'apparition d'une caricature du même ordre, dimanche, lors de l'édition 2020.
"Ici on rit de tout ", assume le maire nationaliste
Le personnage grimé possède deux papillotes tombant d'un grand chapeau de fourrure noir, accessoire caractéristique des juifs orthodoxes, certains allant jusqu'à ajouter à ce déguisement une muselière censée symboliser la "censure" imposée par le "politiquement correct". En parallèle, de nombreux calicots ont fait référence à l'Unesco, moquée en "Big brother" qui surveille et punit.
Le maire de la commune, l'élu nationaliste flamand (N-VA) Christoph D'Haese, pointant du doigt les critiques "disproportionnées" explique : "Ce n'est pas une parade antisémite, Alost n'est pas une ville antisémite. (...) Ici on rit de tout, de la famille royale, du Brexit, de la politique locale et nationale, et de toutes les religions, l'islam, le judaïsme, le catholicisme."
"Liberté d'expression" ou "bêtise coupable" ?
Et de fait, sur les dizaines de chars défilant rituellement au premier jour du carnaval le dimanche précédent le mardi gras, devant des dizaines de milliers de visiteurs, l'humour à gros traits cible tous azimuts : les "fake news" de Jan Jambon (président N-VA de la Flandre) sur l'argent des immigrés, ou encore le difficile retour à la compétition de la joueuse de tennis Kim Clijsters, caricaturée en femme enceinte aux formes généreuses. Pour le maire, il faut prendre en considération "le contexte global" de l'événement, qu'il compare à un "rituel d'inversion" où, durant trois jours, "les pauvres deviennent riches, les riches deviennent pauvres, les hommes des femmes et les femmes des hommes"...
"Pas de place pour ça en Europe"
Les Juifs sont de la vermine (de la vermine pleine de fric qui contrôle le monde quand même) et les nazis sont des gars sympas que les enfants applaudissent et avec qui on a bien envie de boire une bière. Bienvenue au carnaval d’Alost en 2020, en Belgique, cœur de l’UE. Dégénérés pic.twitter.com/svFR1MxxZf — Raphael Glucksmann (@rglucks1) February 23, 2020
Carnaval d’ #Alost , l’obstination dans l’erreur tourne au ridicule et à l’injure! Cela donne une image calamiteuse de la Belgique et de la Flandre. L’humour de certains reste incompréhensible... Il est plus que temps qu’ @unia fasse enfin son boulot. #AalstCarnaval #antisemitisme pic.twitter.com/CRvUJBqWwH — Philippe Close (@PhilippeClose) February 23, 2020
"Pour moi c'est clair: le carnaval d'Alost est une honte. Il doit cesser. Pas de place pour ça en Europe", a twitté le commissaire grec Margaritis Schinas, également vice-président de la Commission. "Une image calamiteuse de la Belgique", a déploré le maire de Burxelles, Philippe Close. Un porte-parole de l'exécutif européen avait auparavant condamné ces caricatures, estimant qu'elle n'avaient "rien à faire dans les rues européennes 75 ans après la Shoah".
De son côté, Johan Benizri, président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique, déplore que l'on "confonde liberté d'expression et bêtise coupable". Enfin, pour la Première ministre belge, Sophie Wilmès, il s'agira de voir "si les faits qui s'(y) sont déroulés enfreignent la loi", arguant que "l'utilisation de stéréotypes, de référents stigmatisant des communautés, des groupes humains sur base de leurs origines, conduit aux divisions et met en péril le vivre ensemble".
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