Bourse, exportation de vins, importation de médicaments : les multiples conséquences économiques du coronavirus

Publié le 26 février 2020 à 18h51, mis à jour le 27 février 2020 à 13h18

Source : JT 20h Semaine

MARCHÉS - Avec la propagation du nouveau coronavirus et un marché chinois au ralenti, les acteurs économiques s’inquiètent. Investisseurs dans le flou, dépendance à la Chine, secteurs français touchés… On fait le point, à ce stade, sur les conséquences économiques de l’épidémie.

L’ouverture de la Bourse de Paris s’est faite mercredi 26 février dans un climat d’incertitude. Après une chute de 1,94% mardi, qui en suivait une autre de 4% lundi, le CAC 40 a enregistré ce jour de nouvelles pertes de 1,10%. Le responsable de cette fébrilité ? Le nouveau coronavirus qui sème le doute chez les investisseurs, ne sachant plus sur quoi spéculer. 

"En l’absence de données économiques importantes, les opérateurs de marché vont continuer de jauger les impacts du coronavirus sur l’économie", indique à l’AFP Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank. Les informations manquent sur l’impact réel de la crise sanitaire sur le monde de la finance et les investisseurs se tournent donc vers des valeurs refuges, l’or et les emprunts d’Etat. Mais l’heure n’est pas non plus à la panique. A titre de comparaison, entre le 30 juin et le 23 septembre 2011, la Bourse de Paris avait essuyé une chute de presque 30% et occasionné l’un des pires plongeons de son histoire.

L'activité chinoise scrutée par le G20

"Le virus Covid-19 (…) a perturbé l’activité économique en Chine et pourrait mettre en péril la reprise", a tout de même prévenu Kristalina Georgieva, directrice du Fonds monétaire international, dimanche 23 février en marge d’une réunion du G20 à Ryad. Les yeux rivés sur la Chine, les ministres des Finances du G20 se préoccupent de l’évolution de la situation : résorption de l’épidémie ou, au contraire, propagation dans des pays moins développés, voire pandémie

En Chine, au 26 février, 2666 personnes sont décédées des suites du virus sur un total de 77.780 cas confirmés, selon les derniers chiffres de l’OMS. L’économie du pays tourne au ralenti depuis la propagation de l’épidémie et la mise en quarantaine de plusieurs villes de la province de Hubei. Les mesures prises par les autorités ont contraint des entreprises à fermer leurs portes et, à ce jour, moins d’un tiers des PME chinoises - dont la production représente 60% du PIB - ont redémarré leur activité. En cause, les chaînes d’approvisionnement perturbées, le manque d’employés disponibles ou encore le ralentissement de la consommation. Des porte-conteneurs sont, eux, toujours bloqués dans les grands ports chinois.

Une dépendance au marché chinois

Selon le FMI, la croissance chinoise s’établirait à 5,6% en 2020, en baisse de 0,4 point par rapport aux prévisions de janvier. C’est un coup dur porté à l’économie nationale mais aussi mondiale, puisque de nombreux pays à travers le monde sont aujourd’hui extrêmement dépendants du marché chinois, autant en termes d’importations que d’exportations. D’après la Banque Mondiale, la Chine représente plus de 15% des exportations de 20 pays étrangers, situés en Amérique latine, en Asie, en Afrique et en Océanie. L’Afrique, elle, exporte près de 85% de ses matières premières vers la Chine. 

La Chronique éco : La croissance contaminée par le coronavirusSource : La Matinale LCI

Inquiétude partagée en France

Et la France n’est pas en reste : selon Le Parisien, 45% des produits électroniques et des machines (dont 11 % de téléphones), 14 % de textile et 5 % de métaux ont été importés de Chine en 2017. "C’est un choc d’offre, du point de vue économique", a reconnu Bruno Le Maire, interrogé sur l’épidémie ce mercredi. L'AFP a chiffré la perte des grands groupes français liée au virus à près d'un milliard d'euros. Une perte massive qui concernerait les secteurs de l'industrie, du tourisme, du commerce et de l'agroalimentaire.

Oui, la crise sanitaire a déjà des conséquences sur l’économie du pays, a confirmé le ministre. Des conséquences directes d’abord, comme "le manque à gagner pour le tourisme, l’hôtellerie et la restauration". Contactée par LCI, l’Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) confirme que 30% des groupes chinois ont annulé leur réservation dans les hôtels français mais appelle à la prudence quant à la signification de ce chiffre : "Une annulation peut de fait donner lieu à une réservation 15 jours plus tard". Le secteur de la viticulture est lui aussi touché car la Chine fait partie des trois premiers importateurs de vin français, avec le Royaume-Uni et les Etats-Unis. La Dépêche du midi se faisait ainsi l'écho, mercredi 26 février, des difficultés traversées par les vins de Cahors, dont 10% de la production part en Chine.

La dépendance de l'automobile et la pharmaceutique

Des conséquences indirectes ensuite, telles que "les chaînes d’approvisionnement, l’accès aux ports chinois et les ruptures de stocks dans certaines industries". L’industrie de l’automobile se retrouve bloquée dans sa production par des pièces manquantes, fabriquées exclusivement en Chine. Selon Bruno Le Maire, qui a rappelé la nécessité pour la France de retrouver une souveraineté économique, les batteries électriques des véhicules provenant à 95% d’Asie. 

Le secteur des médicaments s’inquiète également : "80 à 85% des processus actifs, des principes actifs, qui sont dans les médicaments, que vous consommez, que nous consommons, que tous les Français consomment, sont produits en Chine", a détaillé le ministre de l’Economie à Public Sénat. Si aucune pénurie n’a été relevée pour le moment, les laboratoires pharmaceutiques ont été invités à anticiper le plus possible d’éventuelles ruptures de stocks.


Caroline QUEVRAIN

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