Brésil : Lula défait Bolsonaro et revient au pouvoir

Brésil : ce que l'on sait du coup de force des pro-Bolsonaro

M.G
Publié le 9 janvier 2023 à 9h26, mis à jour le 9 janvier 2023 à 10h42
JT Perso

Source : TF1 Info

Des lieux de pouvoir clés du Brésil ont été envahis dimanche par des milliers de Bolsonaristes.
Après quelques heures, la police a repris le contrôle de la situation et sécurisé les secteurs pris d'assaut.
Le président nouvellement élu Lula a fermement condamné les agissements de "ces vandales fascistes".

Stupéfaction générale. Une semaine après l'investiture de Luiz Inacio Lula da Silva - dit Lula -, en l'absence de son prédécesseur, des milliers de Brésiliens se sont réunis dimanche à Brasilia pour manifester contre le résultat de la dernière élection présidentielle. Ces partisans de l'ancien chef d'État, Jair Bolsonaro, ont ensuite envahi des lieux symboliques de pouvoir. 

Entrée en force dans des lieux de pouvoir

En dépit de la présence sur place de forces de l'ordre, les manifestants sont parvenus à s'introduire dans le palais présidentiel de Planalto, la Cour suprême et le Congrès. La marée humaine, vêtue de jaune et de vert, a brisé portes et fenêtres, enfoncé le cordon de sécurité et saccagé à l'envi. "Intervention militaire", ont scandé les bolsonaristes. Dénonçant un vol dans les urnes, certains ont même réclamé aux forces armées de prendre le pouvoir et de faire "un nettoyage général". "Nous ne reconnaissons pas ce gouvernement parce qu'il est illégitime", a déclaré à l'AFP l'un des contestataires. 

Un syndicat de presse local a également fait état de l'agression de cinq journalistes.

Des forces de l'ordre passives ?

Après plusieurs heures de flottement, la police a finalement eu le dernier mot, dispersant les fauteurs de troubles avec gaz lacrymogènes, canons à eau et grenades assourdissantes. En début de soirée, quatre heures après le début de l'assaut, les institutions ont été sécurisées. Plus de 300 personnes ont été arrêtées, rapporte l'AFP. 

La réaction initiale des forces de l'ordre, qui ont pu être perçues comme passives, ont toutefois interrogé certains observateurs au pays. Journaliste de Globo News, Ana Flor a ainsi relayé une vidéo dans laquelle certains membres de la police militaire du District fédéral (Brasilia) ont été filmés, dans un premier temps, en train de prendre des photos ou de discuter avec des manifestants.

Le gouverneur du district fédéral de Brasilia, Ibaneis Rocha, allié de Jair Bolsonaro, a présenté ses excuses au président Lula dans une vidéo. Il a qualifié les responsables des dégâts causés sur les bâtiments publics de "vrais vandales" et de "vrais terroristes". "On surveillait avec le ministre (de la Justice) Flavio Dino tous ces mouvements [...] À aucun moment, on a pensé que ces manifestations prendraient de telles proportions", a-t-il affirmé. 

Dans la foulée, il a limogé Anderson Torres, ministre de l’Intérieur (appelé secrétaire à la Sécurité Publique)... avant d'être lui-même suspendu de ses fonctions, pour une durée de 90 jours, par un juge de la Cour suprême brésilienne, Alexandre de Moraes. Ce dernier a également réclamé que les camps érigés par des partisans de Jair Bolsonaro près de bases militaires soient évacués sous 24 heures. 

Ce qu’ont fait ces vandales, ces fascistes fanatiques est sans précédent dans l’histoire de notre pays

Lula

Depuis Araraquara, dans l’État de São Paulo (sud-est), Lula a fustigé ces débordements. "La démocratie garantit la liberté d’expression, mais elle exige aussi que les institutions soient respectées. Ce qu’ont fait ces vandales, ces fascistes fanatiques […] est sans précédent dans l’histoire de notre pays", dénonce le président de gauche, de retour au pouvoir. "Ceux qui ont financé (ces manifestations) vont payer pour ces actes irresponsables et antidémocratiques. Nous allons tous les retrouver et ils seront tous punis", martèle le chef d'État. 

En guise de précaution, il a décrété l'"intervention fédérale". Ce régime consiste en la prise en main au niveau de l’État brésilien du commandement des forces de sécurité, habituellement sous la responsabilité des autorités locales.

Jair Bolsonaro condamne à demi-mots

Son prédécesseur, parti aux États-Unis depuis la passation de pouvoirs, s'est montré bien plus réservé. "Les manifestations pacifiques, sous forme de loi, font partie de la démocratie. Cependant, les déprédations et les invasions de bâtiments publics comme cela s'est produit aujourd'hui, ainsi que celles pratiquées par la gauche en 2013 et 2017, sont contraires à la règle", affirme l'ex-chef d'État. "Tout au long de mon mandat, j'ai toujours suivi la Constitution en respectant et en défendant les lois, la démocratie, la transparence et notre liberté sacrée", ajoute le dirigeant d'extrême droite. "Je répudie les accusations, sans preuve, que m'attribue l'actuel chef de l'exécutif brésilien", conclut-il. 

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Plusieurs de ses alliés se sont désolidarisés de sa position, dont Valdemar Costa Neto, président du Parti libéral (PL), le parti de Bolsonaro, qui a regretté "un jour triste pour la nation brésilienne".

Condamnation internationale unanime

Ces incidents ont été unanimement condamnés par la communauté internationale. "La volonté du peuple brésilien et les institutions démocratiques doivent être respectées ! Le Président Lula peut compter sur le soutien indéfectible de la France", a lancé le président français, Emmanuel Macron, sur Twitter. De son côté, son homologue américain Joe Biden a jugé "scandaleuses" les violences des manifestants. "Utiliser la violence pour attaquer les institutions démocratiques est toujours inacceptable", a critiqué son secrétaire d'État Antony Blinken. Même son de cloche du côté d'Andrés Manuel Lopez Obrador, le président mexicain, qui a dénoncé "la tentative de coup d'État des conservateurs au Brésil". 


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