ENVIRONNEMENT - Le militant Paulo Paulino a été tué lors d'une embuscade tendue par des trafiquants de bois dans l'Etat du Maranhao. Les ONG ont tenu pour responsable le président Jair Bolsonaro, qui préconise l'exploitation commerciale des terres indigènes.
Protéger l'Amazonie contre l'exploitation illégale du bois et l'expansion agricole. Tel était le quotidien de Paulo Paulino, un indigène qui faisait partie d'un groupe nommé les "Gardiens de la forêt". Mais son militantisme n'était pas du goût des trafiquants, qui ont tué le jeune homme ce samedi dans l'Etat du Maranhao, au nord-est du Brésil.
L'attaque est survenue dans la soirée du 1er novembre sur le territoire indigène d'Arariboia en Amazonie, à quelque 500 km de Sao Luís, capitale de l'Etat de Maranhao, ont précisé les autorités. Selon l'ONG Survival International, Paulo Paulino Guajajara, connu également sous le nom de Kwahu Tenetehar, a été touché au cou par un coup de feu et a succombé à ses blessures dans la forêt, tandis que son compagnon Laércio (également connu sous le nom de Tainaky Tenetehar), touché par balle dans le dos, est parvenu à s'enfuir. Les deux hommes "s'étaient éloignés du village pour chercher de l'eau quand ils ont été encerclés par au moins cinq hommes armés", a tweeté le secrétariat aux droits de l'homme du gouvernement du Maranhao.
"L'incapacité de l'Etat à accomplir son devoir"
Paulo Paulino, comme son compagnon, faisait partie des "Gardiens de la forêt" depuis plusieurs années. Cette association a été formée par les Guajajara, une tribu qui compte environ 14.000 personnes dans le territoire du Maranhao, pour défendre les territoires indigènes. Ils transmettent notamment les données GPS de zones où sont retrouvés des troncs découpés et viennent en aide aux pompiers lors d'incendies de forêt. Selon l'enquêtrice de Survival International, Sarah Shenker, qui s'était rendue en avril dans cette région, le travail des Guajajara est important pour protéger également d'autres indigènes de la zone comme les Awa, tribu isolée qui ne compte que quelques dizaines de membres.
Pour l'ONG Greenpeace, "Paulino et Laércio sont les dernières victimes d'un Etat qui se refuse à respecter ce que stipule la Constitution". Greenpeace dénonce "l'incapacité de l'Etat à accomplir son devoir de les protéger ainsi que tous les territoires indigènes du Brésil". Ces accusations visent clairement Jair Bolsonaro : le président brésilien d'extrême droite préconise en effet l'exploitation commerciale des terres indigènes et des zones préservées. Une politique dont les conséquences sont visibles : selon des chiffres du Congrès missionnaire indien (Cimi, association liée à l'Eglise catholique) cités par l'APIB, 160 intrusions de trafiquants de bois ou d'orpailleurs illégaux ont été recensées de janvier à septembre cette année, en hausse de 44% par rapport au total de l'année 2018. Trois autres Gardiens ont par ailleurs été tués dans des attaques par le passé.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info