Brexit : après l'échec du vote de défiance contre Theresa May, que peut-il se passer ?

Publié le 13 décembre 2018 à 13h45, mis à jour le 13 décembre 2018 à 13h56
Brexit : après l'échec du vote de défiance contre Theresa May, que peut-il se passer ?

ROYAUME UNI - La Première ministre britannique a remporté mercredi soir le vote de défiance organisé par des députés de son parti conservateur pour tenter de la déloger. Si elle a gagné une bataille, elle n'a cependant pas remporté la guerre... Explications.

Un répit, mais de courte durée. Theresa May a survécu mercredi à un vote de défiance organisé par son parti, en majorité hostile à l'accord de divorce qu'elle a négocié avec l'Union européenne (UE). Seulement voilà : la Première ministre a dû mettre son propre avenir politique dans la balance et a confirmé ce jeudi qu'elle quitterait son poste avant les prochaines élections. 

Le Brexit est encore loin d'être une réalité. Que peut-il se passer dorénavant ? Theresa May est-elle toujours la femme de la situation ? La sortie du Royaume-Uni de l'UE peut-elle finalement être annulée ? Autant de questions qui se posent encore aujourd'hui.

Pourquoi la confiance des députés est précaire pour Theresa May ?

La machine s'est enrayée pour Theresa May depuis un mois : le 13 novembre, un an et demi après avoir activé l'article 50 du Traité de Lisbonne permettant d'entamer le processus de sortie de l'UE, Downing Street avait annoncé que les négociateurs britanniques et européens étaient parvenus à conclure un projet d'accord technique. Problème : celui-ci ne convient pas à de nombreux membres de la majorité conservatrice. Le 10 décembre, Theresa May annonce ainsi le report du vote sur le texte, étant quasi assurée de le perdre. Mais mardi soir, déjouant les sondages, la dirigeante a créé la surprise, remportant le vote de défiance organisé par des députés de son Parti conservateur. 

Brexit : le projet d'accord expliqué en 5 mnSource : Sujet TF1 Info

Problème : 117 d'entre eux ont voté contre elle. Pour éviter une défaite humiliante à seulement quelques mois du Brexit, le 29 mars, la Première ministre a dû mettre son propre avenir politique dans la balance, annonçant donc qu'elle projetait de quitter ses fonctions avant le scrutin législatif de 2022. "J'aurais aimé de tout mon cœur mener le parti aux prochaines élections (...). Mais je me rends compte que le parti aimerait qu'un autre chef s'en charge", a-t-elle déclaré avec émotion.

Que va-t-il se passer désormais ?

La Première ministre va désormais pouvoir achever ses nouvelles discussions avec les Européens pour tenter d'obtenir des garanties supplémentaires et présenter l'accord de divorce au Parlement. Le nouveau vote se déroulerait avant le 21 janvier. Si le texte est voté, ce qui n'est pas gagné puisqu'un bon tiers des députés conservateurs ont voté contre Theresa May mercredi soir, une sortie ordonnée de l'UE s'ensuit. 

S'il est rejeté, le gouvernement aura 21 jours pour indiquer ce qu'il compte faire. D'autres scénarios d'accord, tel celui sur le modèle de la Norvège, qui dispose d'un accès au marché unique sans être membre de l'UE, sont évoqués comme susceptibles d'obtenir le soutien d'une majorité de députés. Mais cela signifierait dans tous les cas une nouvelle discussion avec Bruxelles.

Que se passe-t-il si aucun accord n'est trouvé au Parlement britannique ?

Si le texte est rejeté par la chambre des Communes, cela pourrait entraîner un Brexit sans accord au 29 mars 2019. Les relations économiques entre le Royaume-Uni et l'UE seraient alors régies par les règles de l'Organisation mondiale du commerce et une multitude de contrôles douaniers et réglementaires devraient être mis en place en urgence. 

Theresa May assure que son gouvernement "accélère les préparatifs" en vue de cette hypothèse, redoutée tout particulièrement des milieux économiques. Cela entraînerait une chute de la livre et plongerait les entreprises dans l'incertitude. Pénuries de médicaments, embouteillages monstres aux abords des ports, avions cloués au sol, perte de croissance... Ces perspectives sont balayées par certains députés de la majorité pour qui "une absence d'accord vaut mieux qu'un mauvais accord".

Faut-il s'attendre à des élections ?

Le rejet de l'accord pourrait signer pour de bon la fin de Theresa May, voire l'acculer à la démission s'il est recalé à une écrasante majorité. Une motion de censure contre le gouvernement pourrait être soumise au vote du Parlement par l'opposition travailliste et aboutir, étant donné la faiblesse de la majorité d'une dizaine de voix sur laquelle s'appuie Theresa May. Elle conduirait alors à la formation d'un nouveau gouvernement dans les deux semaines, ou à l'organisation de nouvelles législatives, ce que souhaite le Labour, principal parti d'opposition. 

Une arrivée au pouvoir de Jeremy Corbyn, le leader travailliste résolument ancré à gauche, est la perspective qu'agite Theresa May pour convaincre les députés de son camp de se ranger derrière elle.

Et si le Brexit était annulé ?

La Première ministre a toujours fermement rejeté la perspective d'un second référendum, souhaitée par bon nombre d'europhiles dans l'espoir qu'il inverse le résultat de la consultation du 23 juin 2016, qui avait adopté le Brexit avec 52% des voix. Le Labour a prévenu qu'au cas où de nouvelles élections ne seraient pas à l'agenda, il pourrait se positionner en faveur de l'organisation d'un tel scrutin, une hypothèse qui pourrait alors disposer du soutien d'une majorité hétéroclite à la chambre des Communes. 

La mise en oeuvre d'un nouveau vote prendrait toutefois des mois et repousserait la date du divorce. Enfin rien ne dit qu'une telle consultation donnerait un résultat différent, les sondages n'enregistrant qu'une légère avance pour le vote europhile.


La rédaction de TF1info

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